Premier film d'Elio Petri, qu'on connait pour Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon et La classe ouvrière va au paradis, L'assassin est ce qu'on pourrait appeler un cauchemar Kafkaien. Un antiquaire, que joue admirablement Marcello Mastroianni, se fait interroger par la police à la suite de la disparition de sa maitresse. Pendant sa détention, on voit ainsi plusieurs flash-back sur la véritable nature de cet homme.
Comme je le disais, on pense aussi bien à Kafka, dans le sens où Mastroianni semble être pris dans un engrenage infernal, constamment sous la pression des policiers qui veulent lui faire avouer la vérité, mais aussi à Welles quand on voit la mise en scène de Petri, avec des contre-plongées comme pour signifier le poids de la culpabilité. Mais pour un premier film, la réalisation est vraiment intéressante, comme collée à Mastroianni, dont on voit qu'il s'est en fait crée une carapace, reniant presque sa vie d'avant, pour mettre en avant sa condition de parvenu grâce à ses riches maitresses, dont Micheline Presle. J'aime beaucoup la scène où lui deux de ses compagnes vont dans un musée délabré, avec en fond des carcasses de bateaux détruits par les Allemands durant la guerre.
Je ne sais pas si le film supporte une deuxième vision, mais L'assassin est un premier film réussi, porté par l'ambivalence de Mastroianni.