Les deux films de Elio Petri que j'ai vu ("La Classe ouvrière va au paradis" et "Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon") ne m'ont jamais réellement portés malgré leur bonne réputation. Ce qui fait que je n'en attendais guère de ce film où ni le titre, ni le synopsis ne me parlaient. Je l'avais obtenu dans ma jeunesse quand je fouillais avec abondance un cinéma que je ne connaissais encore que trop mal et tout, plus ou moins, y passait. La frénésie d'un passionné en devenir m'aura pour le coup été très bénéfique puisque "L'Assassin" est l'une de mes plus grosses surprises de ces derniers temps. Il fait partie de ces oeuvres dont vous n'en attendez rien et qui vous foutent une belle claque d'humilité en pleine poire.
L'histoire est on ne peut plus simple. Est-ce que ce brave antiquaire est coupable malgré toute sa bonne foi face à la police et clamant son innocence ad vitam aeternam ? L'intrigue principale se déroule dans le commissariat et est entrecoupée de nombreux souvenirs de la vie de cet homme d'apparence raffiné mais étant un bon salaud de service. L'habit, le moine, tout ça. Un procédé scénaristique souvent vu mais qui fonctionne très bien ici. Et il y a plusieurs raisons. La première est que "L'Assassin" offre de savoureuses notes d'humour caustique qui tranchent avec le sérieux de l'enquête. Les répliques sont cinglantes et loin du ton gueulard et saoulant que j'avais vu dans ses deux autres longs-métrages. Puis, il y a Marcello Mastroianni dont la classe et le jeu d'acteur n'est plus à démontrer, entouré de deux superbes nymphes. Oui l'Italie est le pays de la femme rayonnante à l'écran. Et surtout, la qualité esthétique qui est à tomber à la renverse. Des décors de toute beauté, à mi-chemin entre l'épuration à la Yoshishige Yoshida et le sens du détail, le tout magnifiés par une bande son sidérante de beauté.
"L'Assassin" est définitivement l'un de ces chefs-d'oeuvres insoupçonnés, cantonnés à l'oubli mais qu'il est impératif de remettre sur le devant de la scène.