Les flics m’ont dit : Papiers ! J’ai répondu ciseaux ! Gagné ! J’ai redémarré. Ca fait 30 mn qu’ils me suivent : veulent-ils une revanche ?
Avant d'oublier, bon anniversaire à Micheline Presle qui va dans quelques jours fêtes ses cent ans !
Cette année-là, en 1961, elle tournait comme une malade malgré ses 39 balais mais commençait à peiner à convaincre dans les rôles d'amantes éperdues comme ici. Elle allait bientôt connaître la consécration populaire en France avec la série "Les Saintes Chéries" qui allait redonner un élan et une pub inespérés à sa carrière...
Ce film-ci, est plutôt né sous une mauvaise étoile, et les bonnes fées à sa naissance plutôt restées faire la grasse matinée au-lieu d'être à-côté du berceau...
Il n'a pas pu, ou a peu été distribué en France (?) Débouché pourtant important pour un film italien.
Il a dû aussi , ai-je lu quelque part, subir 90 modifications avant de recevoir son autorisation de distribution : la censure n'étant pas tendre avec lui.... De quoi enlever toute personnalité à une oeuvre.
Or, à contrario, deux ans plus tard sortait en France "Le Mépris" dans lequel Brigitte Bardot entièrement nue sur un grand écran français interrogeait : "Il est beau mon cul, tu l'aimes mon cul...Et mes seins (...)"
Et de nous montrer tout ça avec l'objectif d'un médecin légiste alors que dans cet "Assassin", pas l'ombre du début d'un commencement d'audace anatomique féminine. Sinon Marcello Mastroianni, dans sa baignoire. Velu comme un ours, mais à part le torse...
Comme si ça ne suffisait pas, le titre n'était pas fait non plus pour ameuter les cinéphiles, déjà démodé, usé, et bien peu racoleur...
Voici donc le premier film de Elio Petri (1929-1982) qui s'est fait aider pour la circonstance de Giulano Montaldo, pas encore connu non plus du public ni des cinéphiles.
Il ambitionnait de soulever le problème des relations difficiles des citoyens italiens avec l'administration, notamment la Police...
Ce fut raté : on suit cette histoire ridicule comme un vieux polar éculé, plutôt que comme un film de dénonciation psychologique genre Costa-Gravas, même si Mastroianni en fait des tonnes pour nous convaincre de son infortune de taulard. Il est innocent et le clame mais pour la Police, tout innocent est un coupable qui s'ignore. Enfin, à cette époque lointaine... Maintenant, c'est plutôt les flics qu'on mettrait en examen pour un oui ou un non !
Le scénario est une véritable purge ! Et ils s'y sont mis à quatre mains pour nous pondre ce que Simenon eut bien mieux réussi tout seul...
Voici donc un récit ou une femme qui commence à compter les ans, Adalgisa De Matteis (je vous mets au-défi de vous en souvenir dans trois jours) pousse son amant (Marcello) dans les bras d'une riche et jeune héritière (tout ce qu'il y a de plus comestible) comme cadeau de rupture. Personnage joué par Christina Gajoni, dont on se rend compte immédiatement qu'elle ne figure pas au casting grâce à son talent, mais plutôt à cause (ou grâce à) sa ressemblance avec Bardot, et son même jeu infantile. Le réalisateur n'a même pas tenté d'exploiter la beauté anatomico-artistique de l'actrice, rivé comme un esclave à son thème.
L'intrigue est bâtie comme un château de cartes et fait sourire, tout comme le commissaire Palumbo (rien à voir avec celui possesseur d'un cabriolet 403 aussi décapotable que pourri...)
Tout ça sent la naphtaline et on s'ennuie, sauf devant ces Alfa-Roméo dont étaient dotés ces veinards de flics italiens, face aux vieux "tubes" français.
Heureusement que la carrière du réalisateur a pu s'enorgueillir plus tard d'un film plus glorieux : "Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon" et avant de décéder très jeune en âge....
Bref, un film de débutant, bien peu passionnant, qui vaut pour le jeu de Presle et Mastroianni mais qui n'entrera pas dans la légende du cinéma... Un peu comme si vous visitiez le musée Grévin.
Arte le 01.07.2022- 17.08.2022-