Plan séquence ingénieux présentant le premier meurtre et la fameuse signature de « Monsieur Durand » qui nous accompagnera tout au du film, le décor est posé, l'intrigue est lancée, notre attention est captée.
Ce qui semble tout droit sortir de l’imagination d'Agatha Christie laissera paraitre quelque chose de nettement plus inventif et de plus délectable. J'aime le mélange des genres, celui qu'on attend pas forcément et qui nécessite de doser ses différentes ambiances avec une minutie à toute épreuve pour former un tout cohérent. Ici c'est le polar et la comédie qui forment une alchimie jouissive, à des années lumières des facéties de Chris Rock et des grimaces agaçantes d'un Jackie Chan vieillissant, Clouzot joue dans un registre bien plus élégant.

Avec sa réalisation épurée, il nous débauche au sein même de cette enquête qui semble dépasser les policiers chargés de la résoudre. Fort heureusement, notre commissaire interprété par le génial Pierre Fresnay tient une piste solide qui le conduira dans cette inoubliable pension des mimosas, ne croyez pas les paroles d'un sordide dessin animé des années 90 qui vous fait croire que tout le monde est heureux et qu'Hugo est amoureux, c'est faux. Dans celle ci, il faudra prêcher le vrai du faux et ça tombe plutôt bien sachant que notre héros se fera passer pour un humble pasteur.

En moins d'une 1H30, dans un rythme très soutenu, les dialogues incisifs fusent, les personnages tous complètement cinglés se laissent aller, le tout plongé dans une atmosphère noire mais toujours teintée de cet humour corrosif qui lui sied si bien. L'enquête se suit avec un intérêt croissant qui abrite un dernier quart d'heure absolument délicieux. Un premier film signé Clouzot d'une maitrise rare qui utilise avec une subtilité déconcertante son angle totalement décalé, je suis conquis, le marathon dédié au réalisateur est lancé.

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