Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si, J.K FUCKING SIMONS
J'ai quitté la salle il y a quelques heures maintenant, et pourtant j'entends encore les baguettes claquer contre les cymbales avec une fougue hors norme, ais-je perdu la raison ou suis-je encore plongé malgré moi dans un film d'une intensité remarquable laissant son dernier quart d'heure nous offrir un final hallucinant à couper le souffle.
Oubliez les biopic identiques avec une trame nauséabonde et indigeste ou pire les abominables récits d'un héros qui va se découvrir une vocation dans laquelle il est le meilleur par le plus grand des hasard et surmonter chaque obstacle grâce à son entourage mettant leur vie de côté et présent uniquement pour le valoriser et pousser des acclamations déplacées histoire de nous montrer combien ce type est extraordinaire.
Ici pas de présentation en voix off d'un type bien sous tout rapport qui aide la veuve et l'orphelin avec un sourire con sur le visage, non rien de tout ça, la vitrine qui s'ouvre est toute autre.
Elle se focalise sur un J.K Simons d'une condescendance et d'une assurance qui captive notre attention au même moment que se reflète son antagoniste un petit jeune à la batterie qui n'en mène pas large.
Bon sang que j'aime ces films qui peuvent utiliser n'importe quel thème pour les transcender peut importe qu'on s'y intéresse au préalable ou pas. Je n'aime pas particulièrement le jazz, la batterie ne m'a jamais vraiment emballé et j'ai pourtant rarement été aussi captivé par un récit depuis un bon moment.
La faute à Damien Chazelle son tout jeune réalisateur qui ne devrait pas tarder à se voir affubler de tout un tas d'étiquettes pour expliquer son travail, Kubrick, Fincher et j'en passe, en ce qui me concerne si on pouvait juste apprécier ce qu'il a fait et savourer, ça ne me déplairait pas. D'autant que le bougre du haut de ses 29 ans maîtrise absolument tout et ne laisse rien au hasard, sa caméra est partout, elle virevolte dans tous les sens, se resserre ou s'élargit, multiplie les gros plans lorsque c'est nécessaire, s'attarde sur un visage ou un instrument. La lumière, le montage, le rythme ne font qu'embellir un enrobage déjà très appétissant.
Whiplash frappe très très fort, visuellement de toute beauté, enivrant, d'une violence verbale inouïe qui utilise son vocabulaire pour faire aussi mal qu'un sabre tranchant. Il ne vous laissera pas indifférent une fois le rideau de fin baissé. Laissez vous embarquer dans ce duel psychologie mené par un J.K Simons des grands soirs, celui qui a fait craquer un Tobias Beecher en prison il y a plusieurs années et qui s'attaque cette fois à un gamin sous les traits d'un très surprenant Miles Teller que je trouvais jusqu'alors très soporifique. Whiplash est une véritable odyssée de l'horreur durant laquelle le harcèlement moral prend sa forme la plus malsaine et nous étouffe sous ses coups de fouets ( imaginez que ça aurait pu être le titre français au passage )
Foncez vite découvrir cette pépite, moi j'y retourne dès que possible !