CAPTIVANT. Mot référence pour désigner ce long-métrage.
La fin du film est éventée par le titre "L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford", pourtant, le déroulement de ce crime passionnel nous intrigue. Comment, avec tant de fascination, Robert Ford va atteindre cette étape, le meurtre du référent.
Jesse James est un personnage de roman, il y a une copieuse différence entre les écrits et la réalité.
Voilà un bandit qui s'attire l'adulation de tout un Etat, ses récits sont brossés à travers tout le pays et lui offrent une reconnaissance, jalousée par certains, qui finira par le rendre paranoïaque, souffrant...
Andrew Dominik lui donne une dimension iconique fulgurante. Rarement un hors-la-loi a semblé tout aussi fort et vulnérable à la fois. C'est une fine gâchette, un talent qui crée l'angoisse de ses acolytes. Car oui, tout le monde ne sait pas tirer avec un imprécis Colt d'un kilogramme dans les mains. Jesse James lui, tire mieux qui quiconque autour de lui.
Il inspire maîtrise, pouvoir mais reflète incontestablement le regard d'un homme qui sent la mort s'approcher.
Bob Ford est à l'antithèse de James. 20 ans, cadet et bouc-émissaire de ses cinq frères. Souhaitant vivre la grande aventure du banditisme, il ne possède aucune caractéristique lui conférant la confiance des autres criminels, sauf une...qui lui donnera une impression de gloire. Sa voix tremblante et sa méfiance contrastent merveilleusement bien avec l'infaillibilité de James. Casey Affleck incroyable dans ce rôle ombrageux qui a déjà 10 ans.
La maîtrise narrative permet une plongée saisissante dans le Missouri des années 1880.
"L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford" est beau, obsédant, d'une plastique romanesque et guidé par une BO harmonieuse.