Joseph Losey s'attaque à un sujet délicat, et on se demande ce qui a pu l'attirer dans ce projet. Au départ c'était Costa-Gavras, plus apte à traiter ce type de sujet qui avait été choisi par la co-production anglo-italo-française, mais il refusa ; déjà prévu pour le rôle de l'assassin, Delon demanda à Losey de reprendre le projet. Après des hésitations, il engagea Richard Burton et Simone Signoret, mais le producteur italien imposa Valentina Cortese. Romy Schneider fut ensuite choisie pour compléter le casting.
Au départ, le film semble intéressant, il décrit la lente fascination qu'exerce le futur assassin sur sa victime. Mais une certaine lenteur fait qu'on finit par décrocher l'attention, des scènes étranges et inutiles génèrent un certain ennui ; la scène de la corrida est bien trop longue et inutilement barbare. Losey n'arrive pas complètement à démontrer le mécanisme de l'assassinat, l'aspect politique est survolé trop brièvement, bref il manque quelque chose, sans doute l'ampleur d'une grande confrontation, ce qui fait que le film souffre d'une étiquette de film d'auteur trop sévère. Et pourtant, Losey n'a rien rajouté, il s'est référé scrupuleusement à des ouvrages sur la mort de Trotsky.
L'attention se reporte alors sur l'interprétation : quand il est dirigé par de grands réalisateurs, Delon est souvent admirable de sobriété, c'est le cas ici avec ce personnage trouble, plutôt froid, d'une grande ambiguïté et gardant toujours une certaine distance. Richard Burton quant à lui, se glisse dans la peau de Trotsky avec une grande conviction, habitant quasiment le rôle en s'étant fait la tête adéquate. C'est à peu près tout ce qu'on peut retirer de ce film où même cet affrontement de personnalités manque d'intensité, c'est dommage.