A force de vouloir à tout prix dramatiser une histoire qui n'en avait pourtant pas besoin, le film se perd. Les deux parties, celle à Alger et l'autre à Marseille sont complétement déséquilibrées. Dans la première, on suit le point de vue des preneurs d'otages, de leurs otages et des négociateurs français (scènes à Paris parfaitement inutiles). Dans la deuxième, on laisse tomber le dispositif et on reste à l’extérieur de l'avion, pour mieux préparer le choc de l'assaut et l'entrée brutale des militaires sans doute. Cette construction bancale met totalement de côté les négos en Algérie et le bras de fer de 24 heures entre les politiques français et Algériens, qui pourtant pourrait faire l'objet d'un thriller psychologique et politique à lui tout seul. Après l'arrivée de l'avion en France on oublie brutalement le point de vue et la frustration grandissante des terroristes, qui se sentent pris au piège à Marignane. Au chapitre des oubliés, les membres de l'équipage d'Air France, hôtesses et Stewards, qui ont pourtant été d'un courage extraordinaire.
Avatar de ces points de vue changeants et superficiels, il n'y a aucun travail de caractérisation des passagers, des terroristes ou des membres du GIGN. Le film est peuplé de figurants, dénués de la moindre épaisseur psychologique. On jettera un voile pudique sur le personnage de la femme de Vincent Elbaz, dont le rôle se cantonne à regarder sa fille avec inquiétude, et à chouiner devant les images de l'assaut en tripotant ostensiblement son alliance, pour qu'on comprenne bien qu'elle craint pour son mari...
Quand à l'assaut en lui même, il est d'une mollesse étonnante. Les évènements se sont enchaînés bien plus vite (en particulier l'évacuation ultra rapide des passagers par l'équipage, encore une fois le grand oublié du film), et les images réelles de l'assaut, montrent une frénésie et une violence que les scènes du film rendent bien mal, au point d'oublier les deux lancers (un raté et un réussi) de grenades incapacitantes, pour lui remplacer l'explosion d'un bâton de dynamite imaginaire et tout droit sorti d'un Tex Avery.
Les couleurs dé-saturées, les longues focales parkinsoniennes, la musique à la ramasse, les dialogues artificiels avec du coup un jeu des acteurs faux comme il n'est pas permis, en deviennent la cerise sur le gâteau d'un film, qui, a force de vouloir plagier le cinéma d'action américain, finit par passer complètement à côté de son sujet. En un sens, se louper quand on dispose d'un matériel pareil, c'est un bel exploit,