Extrême-urgence ! Extrême-urgence !
La France aussi a eu son lot d'actes terroristes, commandités par le GIA, et il semblait normal après la déferlante de films US sur le sujet que l'on voit enfin une adaptation cinéma des événements de 94.
Après le détournement d'un avion de ligne à Alger, transportant 227 passagers, par des terroristes du GIA revendiquant la libération de leurs camarades d'armes, une équipe du GIGN, commandée par Thierry (Vincent Elbaz) devra se préparer à accueillir les pirates de l'air à l'aéroport de Marignane. Une mission dont tout le monde sait qu'il y aura des pertes, d'un côté comme de l'autre.
Assez bien ficelé, le film nous plonge rapidement dans le bain, et nous confronte rapidement aux enjeux que représente cette prise d'otage.
Scindant de manière intelligente les différents groupes, terroristes, GIGN et dirigeants, une perspective multiple nous est offerte, toujours bien rythmée et se montrant crédible dans sa reconstitution. En revanche on pourra pester contre des acteurs loin d'être justes, certains sonnant plus comme des interprètes de Plus belle la vie que comme de vrais professionnels du métier.
Mais là où L'Assaut frappe fort, c'est qu'il abandonne tous les codes d'un Besson-movie, pour tenter d'effleurer l'esprit d'oeuvres maîtrisées comme Heat. La psychologie des personnages n'est pas laissée de côté, les plans sont cadrés et accrocheurs, et même s'il n'est pas facile de mélanger reconstitution et action-flick, Julien Leclercq, le réalisateur, s'en sort plutôt bien.
Bref, L'Assaut est un peu l'incarnation du renouveau du film d'action made-in-france, prouvant que la patrie de Molière peut encore innover, pour peu qu'on lui en laisse le temps. Maîtrisée avec brio durant l'assaut tant attendu, l'action est restituée avec intelligence, alternant les scènes au coeur du combat et les feedbacks télévisuels. Efficace, et ravivant dans nos mémoires les souvenirs d'angoisse que l'on avait pu avoir à cette époque. Plus qu'une simple reconstitution, c'est aussi un cri du coeur de la part de Leclercq, qui souhaitait rendre hommage à ces hommes de l'ombre, qui pour sauver les gens n'hésitent pas à aller au front. L'épilogue enfoncera encore plus le clou, dénonçant les injustices de l'état envers ces héros.
Pour conclure, les amateurs de films d'action savamment mélangés avec reconstitution ne pourront qu'être ravis par cette production. Ceux qui s'attendaient à un film dans la veine de Nid de guêpes seront en revanche déçus, pas question de blagues à deux balles, de mecs qui sautillent ou de fusillades désarticulées, ici on est dans la réalité.
Mention spéciale pour Vincent Elbaz, efficace dans son rôle, pourtant très loin de ses précédentes interprétations, et incarnant avec perfection son rôle d'homme déterminé et conscient du danger.