Les aspirations de l'humanité à vouloir conquérir l'espace sont devenues, au fil du temps, une synthèse de toutes ses peurs et ses espoirs. En pleine crise écologique, l'humain a désormais le regard porté à la fois vers les étoiles et sur sa maison, tiraillé entre le regret de ne pas avoir pu s'occuper de son chez-lui et celui de ne pas avoir encore la technologie adéquate pour fuir.
C'est ainsi que le film L'Astronaute, de Nicolas Giraud, synthétise une partie de ses aspirations en la personne de Jim Desforges, ingénieur spatial qui, depuis plus de huit ans, prépare en secret la réalisation de son rêve le plus cher : devenir la première personne de l'histoire à réaliser un vol spatial en orbite basse en totale indépendance. La construction de sa fusée avançant bien, Jim se heurte pourtant à quelques difficultés, qui devront l'amener à quitter sa solitude pour solliciter de l'aide afin de mener le projet d'une existence à son terme...
Si la réalisation de films indépendants français a, depuis quelques années, gagné en rythme avec un florilège de nouveaux talents, rares sont cependant les propositions de cinéma de SF (on pensera à Le Visiteur du Futur, ou bien Le Dernier Voyage). En cause, le coût important de ce genre de film, et un manque d'attrait du public pour la science-fiction made in France qui semblent être, dans l'inconscient collectif, deux éléments trop différents pour intriguer.
Pourtant, en lorgnant sur une fiction réaliste, Nicolas Giraud réussit le pari, avec 4 millions d'euros de budget et un soutien de Ariane Group, d'offrir une histoire prenante et poétique avec des moyens à la hauteur des ambitions du protagoniste. Bien sûr, on restera en majorité en huis-clos jusqu'au final tant attendu, mais les performances du casting sauront toucher le cœur des spectateurs, grâce à des enjeux réalistes et ancrés dans notre réalité. Ici, pas de héros, mais de simples humains sans autres ambitions que celle, candide, de réaliser un rêve.
La tension restera palpable à mesure que le compte a rebours avance, et c'est accompagnés de la bande-son minimaliste de Superpoze que l'on suivra l'avancée d'un projet d'une vie, rempli d'embûches.
Si vous avez par contre l'habitude du spectaculaire, retournez sur vos pas car ici, pas de traces d'effets numériques grandiloquents pour offrir un moment de rêve et d'égarement : l'Astronaute réussit à nous emmener bien au-delà des étoiles avec une pincée d'imagination et la fiévreuse passion de l'Homme pour la voute céleste.