On ne présente plus Laurent Cantet qui nous avait déjà subjugué avec Entre les Murs ou Foxfire, confessions d’un gang de filles. Il revient en compétition Un Certain Regard 2017 avec son long-métrage le plus subtile entre noirceurs de l’extrémisme et découverte de son moi intérieur. Marina Foïs est une écrivaine parisienne. Elle vient animer un stage d’écriture pour des jeunes en fracture sociale dans une banlieue marseillaise. Les jeunes sont méfiants face à la bourgeoise. Pourtant au fur et à mesure des ateliers, la protagoniste va sonder les jeunes au travers de l’écriture d’un roman noir. La mise en scène place les jeunes au cœur de cette réflexion et l’actrice n’est alors que l’élément déclencheur d’ouverture ou de fermeture sociale face aux préjugés et aux amalgames. D’ailleurs, en creusant un peu, nous découvrons que l’un deux est embrigadé dans une politique de droite très extrême. Le sujet n’est donc plus celui du roman, mais bien de ce jeune solitaire, qui par l’influence de son entourage se voit penser différemment des autres adolescents de son groupe d’écriture. L’Atelier traite donc de la radicalisation, mais le fait avec une telle sérénité, que les mots sont plus forts que ce qui est montré. Marina Foïs nous délivre très certainement son rôle le plus pondéré et honorable de sa carrière. Les autres comédiens sont également remarquables. Un film fort et brillamment dirigé.