Deuxième film de la collaboration Langdon/Capra. Le scénario est ici assez décousu, ou plutôt recousu devrait-on dire, car il ressemble vraiment à un assemblages forcé de court-métrages, passant d'un univers à l'autre. On commence par un champ de bataille, puis les services d'immigration, un hôtel à New York, puis un western, en passant par le monde du cirque... N'empêche que les gags sont au rendez-vous et le talent de Langdon y doit beaucoup, comme ce petit geste qu'il ajoute après avoir renversé involontairement tous les bancs d'une église par un effets dominos, l'air de dire "Et voilà !". Signalons quand même que ce film est le véritable premier long métrage de Frank Capra où il est seul à la barre.
Le fil rouge de ce film est une idylle que le héros fantasme avec sa marraine de guerre américaine (Mary Brown) qu'il cherche. Le film est devenu avec le temps un des dernier témoignage de ce phénomène typique à la première guerre mondiale :
Durant les affrontements de la guerre, des femmes maintenaient des correspondances épistolaires avec les poilus pour les soutenir psychologiquement. A l'origine cela pouvait être une petite fille, tout comme une grand-mère. Mais évidement les belles jeunes filles étaient les plus recherchées et enviées au front. Si bien que le phénomène dérapa assez rapidement, les plus belles filles correspondant souvent avec plusieurs "filleuls", à qui elles prétendaient à tous tenir une relation unique. De plus les photos envoyées ne correspondaient pas forcément avec leur physique... A la fin de la guerre, ces marraines avaient acquise une image de prostituées par correspondance. On ressent bien le mépris pour ces filles dans la scène où naïvement l'ancien combattant demande au portier d'un hôtel peu crédule, si il connait Mary Brown, dont le nom trop commun, cacherait bien ce genre d'arnaque sentimentale.
Toujours est-il que ce film qui n'a pas à rougir face à ceux de Chaplin ou Keaton, mérite vraiment d'être redécouvert et connu.