L'Attaque des Titans - La Dernière attaque par AntoineRA

Bien qu’un peu opportuniste, au vu des recettes engrangées en salle par les animes proposant un lancement ou un finale de saison monté en film – pour l’évènement ! – le réalisateur des deux derniers épisodes (déjà 1h et 1h20) de l’Attaque des Titans affirme que la conclusion a toujours été conçue comme telle. Effectivement, elle possédait un certain caractère cinématographique, comme beaucoup de productions de MAPPA et une bonne frange du medium ces dernières années. Je ne referai pas la critique (déjà faite ici) puisque le scénario ne change pas - le but n’était pas de réécrire la fin. Toutefois, cette ressortie accentue davantage l’aspect conclusif et son envergure grandiose, s’étalant sur 2h20 généreuses qui soulignent mieux la portée et densité de l’œuvre qu’une diffusion éclatée ayant phagocyté sa propre hype.

Le studio japonais a profité de cette occasion pour perfectionner son animation : les CGI sont mieux intégrés grâce à des textures, le compositing a été revu pour ajouter divers effets de grain, lumière et particules plus cinématographiques, la colorisation est affinée, certaines expressions faciales et corporelles ont été redessinées, et les traits ont un rendu plus crayonné. On note également un montage légèrement remanié pour un meilleur enchaînement des séquences, et surtout la majorité du design sonore retravaillé et amélioré pour amplifier l’impact filmique, dont une bande-son (et les morceaux utilisés) rééditée pour embrasser ce format long. Ce revisionnage d’une traite met d’ailleurs en lumière les nombreuses similitudes visuelles et thématiques avec l’incontournable The End of Evangelion.

On ne se rend que mieux compte que L'Attaque des Titans va bien au-delà du conflit entre l'humanité et ses bourreaux gigantesques, et tient plutôt du récit tragique d'un peuple cherchant à s'émanciper des péchés de ses ancêtres afin de trouver sa place dans le monde, se condamnant malgré lui à une éternité fataliste de dévastation. C'est également une allégorie sur la valeur des relations et des moments de joie anodins qui parsèment cette quête destructrice pour la liberté. La séquence de fin alternative (en faux-méta) n’est d’ailleurs pas à prendre comme telle mais plutôt comme une petite taquinerie bien consciente des réactions tumultueuses qu’avaient provoquées les dernières planches de l’histoire, tout en illustrant explicitement un des thèmes clé du manga. L'auteur a ainsi façonné ses réflexions philosophiques en une œuvre qui, en moins de dix ans, s’est imposée comme pilier de l’animation japonaise. En espérant que la diffusion de cette version définitive – et brillante – permette enfin sa sortie en format physique en France.