Je salue pour commencer l'analyse critique d'Yves Boisset sur la vie politique de son époque, marquée par des barbouzeries finies, rocambolesques et puantes, qui empoisonnaient la vie collective et déshonoraient la confiance que les Français accordaient à leur gouvernement. On connaît la qualité croissante de notre personnel politique, gageons que ces méthodes iniques ont disparu depuis longtemps............................................................ bon, ouais, allez, j'essore mes larmes de rire et je reprends. Comme dans les œuvres engagées de Costa-Gavras , voilà une entreprise courageuse : la critique implacable d'un entre-soi toxique, dissimulé et immoral. Une thèse selon laquelle le pouvoir démocratique est gangréné par des collectifs obscurs aux intérêts convergents, bien éloignés des discours pompeux dispensés dans les médias. Médias qui en prennent aussi pour leur grade à travers le personnage incarné avec un appétit inquiétant par Philippe Noiret. La Fraaaaance, à prononcer avec des trémolos gaulliens, a trempé de manière récurrente et bien huilée dans tout un tas de magouilles nées de la certitude que bien des peuples jugés comme faibles et arriérés ne méritaient aucunement d'accéder à une véritable autonomie. D'ailleurs, ce paternalisme révoltant s'appliquaient également aux peuples "évolués", alors, vous pensez, avec les barbares ou les sauvages... ou même les femmes. Bref, il faut surmonter le dégoût inspiré par ces êtres d'une veulerie crasse et d'une morgue répugnante pour vraiment profiter des ficelles de cette histoire un peu longuette, parfois mal fagotée, dont certaines scènes d'action pourraient aujourd'hui prêter à sourire et accorder au propos le respect qu'il mérite. Par contre, c'est un plaisir de retrouver toutes les têtes connues de notre prime jeunesse, Piccoli, Trintignant, Noiret et Seberg, en premier, mais également toute une série de seconds couteaux moins fameux mais tout aussi familiers. Et les bagnoles aujourd'hui disparues, 4L, R16, DS et j'en passe, à l'époque où elles ne brillaient pas comme des sous neufs parce qu'elles n'appartenaient pas à des collectionneurs maniaques. Et les cabines téléphoniques désormais disparues, ou les combinés avec écouteur, ou les bobines de magnétophone et tout le bataclan délicieusement suranné que les caprices des produits Microsoft finissent par nous faire regretter au quotidien. Sans compter l'extravagance capillaire monstrueuse qui surmontait des costumes cintrés, donnant aux personnage la silhouette de cheminées de Gaudí. Bref, la franche rigolade à rouflaquettes. Pas indispensable, donc, mais honnête, au moins intellectuellement.

Créée

le 3 févr. 2025

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