Réalisé en 1952, Bergman prouve encore une fois sa finesse d’écriture sur les femmes. On retrouve cinq femmes, de tous âges, et leurs anecdotes. Il exploite avec une subtilité folle l’ambivalence entre la réalité du statut féminin des années 50 et des portraits d’une grande modernité. Derrière des histoires anecdotiques, traitées tant avec gravité qu’avec légèreté, on retrouve des portraits de femmes fortes et des personnages complexes.
On a Marta et son accouchement, sa rencontre avec Martin, insouciant et toujours sur le départ, la laissant seule face à son accouchement. Pourtant Marta, aussi indolente que solide, ne lâche ni son amour pour lui ni sa force de femme seule qui va à maintes reprises l’éloigner pour affronter seule cette épreuve.
Il y a aussi Rakel, son adultère et sa volonté farouche de vivre cette passion et de ne pas en avoir honte. Elle ira même jusqu à confronter son mari et son amant en les confrontant au fait qu’une femme aussi a le droit de vivre son désir.
Et enfin il y a Karin, bloquée dans l’ascenseur avec son époux. Un homme important centré sur lui. Elle le confronte à ses liaisons avec d’autres femmes d’un rire franc et narquois. Elle le soutient, l’aime mais elle lui expose de nombreuses vérités. Avec une finesse, une intelligence et une force dont seul Bergman a le secret.
Et derrière ces portraits de femmes, leurs maris, dépeints avec réalisme, critiquables mais pourtant empreints également d’une certaine forme de modernité.
Encore une fois Bergman dresse des personnages complexes, pleins de nuances, à la fois agaçants, révoltants, touchants ou mème admirables. Pour un film des années 50, il prouve une fois de plus son génie de l’humain.