Sublime. Subjectivement. Esthétiquement. Chaque personnage. Chaque bribe. Chaque conseil offert à Fabietto. La magie du cinéma de Sorrentino opère dans sa forme la plus absolue puisqu’ici c’est de lui qu’il parle. Il parle de ces grands moments de partage des familles italiennes où le soleil et les rires tabassent la table du repas. Il parle de tous ces êtres si singuliers qui pourtant ont chacun un rôle bien précis dans l’existence du jeune Fabietto.
Allant de la baronne et de son apprentissage cru, dérangeant mais pourtant plein d’espoir. À son premier ami qui cherche le bruit du offshore de 200km/h allant vers la liberté.
À son père, l’excellent Toni Servillo qui malgré l’image parfaite du père complice est avant tout humain avec les désillusions du fils.
À la Signora Gentile, ivre de burrata, folle à lier mais pourtant seule à trouver les mots dans le deuil.
À son frère qui choisit de vivre le deuil par la joie.
Il parle du deuil. Il parle du cinéma, de la création et de comment y accéder même lorsque finalement on n’a vu que quatre films et qu’on a pas encore le courage de créer.
Il parle de l’Italie, dans ce qu’il y a de plus brutal, drôle, physique, aimant et populaire. Il parle de l’amour, de l’éveil du corps. Avec tellement de talent, et d’intelligence. Chaque détail prenant sens même dans l’incohérence. Le personnage merveilleux de Patrizia et sa séduction farouche. Mais surtout l’acteur titre, qui joue avec toutes ces nuances difficiles à cerner avec une justesse et une intelligence folle mais qui se saisit de la vie de Sorrentino avec patience et dévotion. Tout en douceur.
Merci pour ces films coups de poing qui vous laissent sans voix et qui ont le mérite de faire cogiter. Même si l’on n’aime pas. Personnellement j’ai tout aimé de ce film.