La main de Dieu s'étend sur une période de près d'un an, du Mondial 86 gagné par l'Argentine au premier titre du Napoli l'année suivante, grâce au talent de Maradona qui redonna sa dignité à la ville la plus mal aimée d'Italie (Sorrentino triche un peu sur la temporalité car le génie argentin y était arrivé depuis 1984). Le film est une tranche napolitaine, qui suit moins une saison du Calcio qu'une année dans l'adolescence du réalisateur, marquée par une tragédie familiale et la conviction naissante de sa vocation artistique. C'est l’œuvre la plus sage, la moins baroque et la moins spectaculaire de Sorrentino, avec quelques scènes felliniennes tout de même, et une mélancolie sourde qui se développe tout au long de la deuxième partie du film. La main de Dieu est un hommage à sa ville natale et à quelques personnes qui ont influencé sa jeune existence, à commencer par son père (merveilleusement incarné par Toni Servillo) et sa mère, d'autres femmes de la famille, une voisine initiatrice, un contrebandier et le metteur en scène Antonio Capuano. Autant de personnages plus ou moins hauts en couleur qui illuminent la vie du garçon de 16 ans, le font grandir et le sortent de sa timidité. Sans être à la hauteur d'Amarcord ou de Roma, deux références évidentes, La main de Dieu s'impose par sa linéarité et sa simplicité, sans recours à l'onirisme et à l'habituelle exubérance visuelle de son auteur, un film au "toucher de balle" aussi limpide que celui de Diego Maradona au temps de sa majesté napolitaine.