Un avis comme un autre.

« Le plus beau film du monde » disait Francois Truffault. Murnau à cette période vient de quitter son Allemagne natale et son atmosphère de désespoir et de mort pour les États Unis. Il y découvre le mythe américain, un certain romantisme, le rapport à la nature. La réunion de ces deux ambiances donne celle de L'Aurore.
Une sorte d'opposition ville et campagne s’opère. Une ville de tout bruit , rire mais de tous dangers. A l'inverse une campagne rassurante, douce mais monotone. Au travers de ce ton, un couple est montré. Aucun nom n'est donné, ni aucun lieu : « This song of the man and his wife is of no place and every place : you might hear it anywhere at anytime ». Cette introduction est primordiale, elle introduit la part de mysticisme du film. L'inconnue ou le non-écrit de Murnau est la faille qu'il reste au spectateur pour s'imprégner de l'histoire. L'ambition de Murnau est la plus haute et la plus grande : il veut nous parler de la vie, telle qu'elle peut être pensée avec ses ailleurs et ses possibles, telle qu'aussi elle nous est imposée par une société. Le film propose trois partie. Une installe le décor et les personnages, la seconde en opposition à la première dénoue le nœud tragique et enfin le nœud tragique se referment sur les personnages. Le récit est de nature cyclique. Est-ce par analogie de l'action, de la haine, de l'amour ou de la vie ? Qui sait, mais le spectateur est libre de son choix. Le triangle amoureux détermine les deux attentes de la vie de l'homme. L'amour et la haine sont présent tant pour sa femme de la campagne que pour la convoitise de la femme de la ville. On suit sa quête du bonheur mais celui-ci n'est pas facile et est emprunt d'action involontaire. Si ce n'est pas un choix de l'homme, les éléments naturels se chargent de le guider. L'omniprésence de la nature entretient ce rapport mystique. La quête spirituel du personnage nous est rendu par un contre champ forçant la vision sur le regard du personnage. Murnau par cet artifice cinématographique nous implique dans son récit. Qui plus le jeu des acteurs compétent la triade de commandement du film muet qui est : prise en compte du caractère social, technique du muet et expressivité des acteurs. Ce dernier point étant couronné de succès pour l'oscar de la meilleure valeur artistique de 1929 et l'oscar de la meilleure actrice pour Janet Gaynor.