L'Amour
Autant dire que pour un Schwarzeneggérien élevé aux petits Van Damme, L'Aurore n'est pas le choix le plus évident venant à l'esprit. Il est bon pourtant de se faire violence, de dépasser les préjugés...
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Doit-on encore présenter F.W. Murnau au public cinéphile ? Maître du cinéma expressionniste allemand, le réalisateur connaîtra une fin tragique, à 42 ans, dans un accident de voiture alors qu'il était au sommet de son art. C'était en 1933 et on est toujours en droit de se demander quels autres films le cinéaste aurait pu nous offrir.
Mais L'Aurore, sorti six années plus tôt, est sans aucun doute le plus grand film du cinéaste. Du moins de ce que j'en ai vu jusqu'à présent. L'histoire évoque ici un homme, de la campagne, charmé par une femme de la ville, en vacances dans la village. L'homme se fait convaincre de tuer son épouse et de revendre sa ferme pour pouvoir partir avec cette femme. Emmenant son épouse en balade sur une barque, l'homme veut passer à l'acte mais se ravise au dernier moment, les sentiments revenant pour sa femme.
Le triangle amoureux est d'apparence naïve. L'histoire est assez banale d'ailleurs. Mais derrière, il y a le génie de Murnau, son efficacité où tel un chef-d'orchestre face à son audience, il parvient à captiver le spectateur. La technique est simplement incroyable. Entre l'expressionnisme, encore présent, les nombreux travellings qui sont de véritables réussites pour l'époque, le réalisateur multiplie les différentes techniques cinématographiques pour happer le spectateur. La technique de surimpression pour qu'on comprenne que l'influence de la dame est toujours bien présente même quand le fermier ne la rencontre pas.
On constate également l'utilisation de perspective forcée. Murnau, par le choix de différentes techniques, permet au film de garder encore de la modernité.
Outre le noir et blanc et le muet, toujours très convaincant, dont il est difficile de ne pas rester insensible au charme, on constate que le jeu d'acteurs reste convaincant.
Mais le film ne pourrait pas garder une telle modernité s'il n'avait pas non plus eu un propos très universel, comme le carton d'ouverture l'indique. Car d'une histoire assez naïve, Murnau parvient, par son talent et par la perfection de sa maîtrise, à toucher un large public, à faire écho à beaucoup de monde. Le choix aussi de ne donner aucun prénom à ses personnages n'est pas non plus anodin.
Si vous n'avez jamais vu ce film, je ne peux que vous conseiller de vous y plonger.
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le 10 oct. 2019
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