Quel beau film que ce premier long-métrage de Romain Cogitore (à ne pas confondre avec son frère, Clément, l'auteur de Ni le ciel, ni la terre) !
L'histoire que raconte L'autre continent est très classique, si on se contente de l'envisager sous l'angle de son pitch : un amour fou qui se heurte au drame de la maladie.
Toute l'originalité du film tient à son traitement plutôt inhabituel : la moitié du récit se déroule à Taipei, l'autre à Strasbourg. Les deux protagonistes parlent plusieurs langues, dont le mandarin. Ils aiment tous les deux les voyages et l'exotisme, et ne s'embarrassent pas de contraintes matérielles. Ce dépaysement léger et profond à la fois nimbe le film d'une aura qui lui donne beaucoup de charme.
L'autre atout de Cogitore est de s'appuyer sur l'interprétation absolument renversante de Deborah François (découverte dans L'enfant des frères Dardenne, puis dans Populaire), irrésistible en femme forte et libre, et dans une moindre mesure celle de Paul Hamy, en géant timide. Leur histoire d'amour est non seulement crédible, mais bouleversante.
La mise en scène est sèche et précise, le montage rigoureux et entraînant, les trouvailles visuelles très réussies et poétiques.
A découvrir si vous ne détester pas écraser une petite larme dans l'obscurité d'une salle de cinéma.
http://www.christoblog.net/2019/06/l-autre-continent.html