Connaissant ma cinéphilie et ma passion pour un cinéma aujourd’hui quasi-disparu, on m’a parlé de cette œuvre qui allait bouleverser mes attentes frustrées face au cinéma actuel. C’est le cas.
détachez votre ceinture, ne vous attendez pas à une histoire classique.
Dès le début lenteur, contemplation, voix off. Les images sont splendides, les couleurs incroyables, la nature riche, vivante. Mais le must c’est la qualité et la force du son. Beaucoup de choses à la fois, mais on entend surtout la vie. Comme des couches et des couches d’éléments. Plongé dans une œuvre sensorielle, intense.
C’est un film intelligent qui se met à questionner notre façon de concevoir la fiction et la réalité, avec des multiples strates narratives.
La sensation est neuve, on est vraiment dans l’intimité des personnages.
La mise en scène est étrange.
Le film est déroutant, franchement. Il faut y aller au courage, car le cinéaste prend un malin plaisir à nous bringuebaler dans tous les sens. Il y a un moment où je me suis senti carrément largué. Mais ça semble intelligent. Il y a plein d’astuce de mise en scène inhabituelle qui vous font vous sentir en train de regarder un film, comme ces scissions soudaines dans le son, ou ces blackouts qui font l’effet de sortir de rêve.
Je suis sorti du film sonné d’intensité.
Pas une seconde je ne me suis ennuyé.
Par contre il peut paraître parfois naïf dans ses interpellations sur la situation du monde actuelle, ou alors au contraire dans une espèce de désespoir total sur notre humanité, ce qui a pu fortement me déranger. Un pessimisme exacerbé.
Une sorte de tableau total des temps plutôt catastrophiques du monde.
Et la candeur du personnage de la femme, par exemple, n’est-il pas au fond le reflet de notre innocence disparue au beau milieu de notre modernité?
Tout est savamment distillé, et je pense que c’est pour moi la force de ce film, surtout souligné par un montage qui surprend à tout moment. C’est une œuvre rare, j’ai eu la sensation de voir le film d’un cinéaste de la famille de Tarkovski ou encore Lars Von Trier pour la folie provocatrice. Une grande surprise !