L'histoire est celle de Tedo, réfugié abkhaze de 12 ans dans une banlieue de Tbilissi. Surpris par la police alors qu'il participe à un vol de sac à main, il décide de s'enfuir et de partir «sur l'autre rive», retrouver son père resté au pays. George Ovashvili déroule le fil de ce voyage picaresque avec beaucoup de sensibilité, mais sans jamais tomber dans la sensiblerie. Au long de petites scènes finement construites et toujours filmées à bonne distance, le cinéaste géorgien dévoile les séquelles d'une guerre oubliée (encore une!) avec son lot de ruines, de misère et d'injustices. Un désastre humain qui contraste avec la beauté de paysages magnifiquement photographiés, mais qui paraissent bien dérisoires face au désespoir ambiant! Et quand le spectacle devient trop insupportable, Tedo ferme les yeux, très fort. Une façon pour lui de s'extraire d'un monde en déliquescence qui semble l'ignorer totalement, et de faire oublier un instant le strabisme dont il est affligé. Universel et touchant!