Tourné en 1947, « L’aventure commence demain » se situe à l’avant-garde d’un genre du cinéma français qui verra son point culminer dans les années 50/60 : le film inappliqué. Globalement, la recette est simple, une histoire légère (un peu de grivoiserie, des intrigues simplistes, des retournements de situations…), un environnement luxueux (un ou plusieurs milliardaires, grands Hôtels, belles voitures, bijoux et haute couture…), un touche d’exotisme (souvent par la présence d’une actrice avec un accent à couper au couteau, ici Isa Miranda). Pas besoin d’un réel talent pour mener à bien l’entreprise, elle est formatée et se reproduit à la convenance, avec quelques variantes.
Attention, ce n’est pas pour autant une comédie ! Le film est censé faire, si pas forcément rêver, au moins distraire le public d’un quotidien terne. « Pouic Pouic » de Jean Girault, et là sur le coup c’est une vraie comédie, se moquait du genre en y respectant tous les travers.
Parlons un peu de cette aventure J+1. Clarence, une pauvre jeune fille perdue (un peu vieille quand même) et ruinée se voit contrainte (si peu) de participer à une escroquerie fomenter par Claude, un dandy cambrioleur, pour plumer (j’aime bien ce mot d’argot) un milliardaire un peu neuneu mais discret, M. Bentley ou Delcroix, c’est selon, car en fait il cache son identité. Il drague incognito en bref. Un jeu de séduction s’installe alors entre Clarence, Claude et le neuneu, que les ultra cathos se rassurent, il n’y a aucune équivoque homosexuelle. Le but ? Obtenir la concession d’un cimetière d’éléphants, visiblement ce devait être l’Eldorado à l’époque. Clarence qui rit, Claude qui pleure, le neuneu qui gobe tout, et vice versa. Cela s’éternise pendant 1h40 jusqu’à un final à mourir de rire et des plus ridicules.
Se découpant sur champ d’azur, l’hôtel est faux bien sur, et le charme servant de trame, synthétique comme il se doit, au bout d’une trente de supplice, on apercevait un faux film, du fond duquel l’intelligence n’avait jamais vraiment brillé… Pardon Brassens mais « L’aventure commence demain » est un film de faussaire lorgnant sur les comédies américaines, mais qui serait resté en rade du Havre.
Si l’on ajoute à cette mauvaise humeur de spectateur, une musique pompière couvrant un tiers de la bande son, des transitions de scènes coupées au plein milieu de dialogues (et ce n’est dû en rien à l’altération de la copie), une montagne de clichés, racistes entre autre (le majordome de neuneu notamment, un discours pro colonialiste…), des scènes bucoliques et romantiques, hélas risibles, où Isa Miranda se ramasse des gadins à chaque fois. Un talon aiguille dans une bouse (ça aurait été un bon titre) ça ne le fait pas. On peut donc comprendre que j’ai passé un très mauvais moment à voir ce truc.