L’Aventure des Marguerite se situe au carrefour de deux œuvres qui ont pour thème le voyage temporel : Les Visiteurs (Jean-Marie Poiré, 1993) pour le décalage burlesque que celui-ci provoque, les deux jeunes filles découvrant un monde dont elles méconnaissent le fonctionnement, les normes et les codes – par exemple vestimentaires, en témoigne la robe de fée que revêt Marguerite pour partir à l’école – et Wonderstruck (Todd Haynes, 2017) pour la quête du père disparu. Une telle hybridation s’avère plutôt sympathique, dû aux effets d’anachronisme dont le long métrage use et abuse, d’autant plus sympathique que ses acteurs s’y donnent à fond.
Néanmoins, reconnaissons que la mise en scène, d’un académisme plombant, échoue à saupoudrer le récit de cette féérie qu’un tel postulat de base exigeait : peu de malice, peu de légèreté, beaucoup de retournements prévisibles et improbables à la fois qui articulent les deux temporalités de façon machinale. L’autre souci réside dans l’écriture des protagonistes, stéréotypée au possible, qui empêche le spectateur de s’identifier à eux, notamment aux jeunes acteurs ; certaines séquences ne font ni chaud ni froid, là où elles auraient dû susciter la tristesse ou, au contraire, la joie, comme ces retrouvailles avec une tante Alice vieillissante, loin, très loin de la puissance mélancolique d’une Kim regardant tomber la neige sur le château d’Edward dans le chef-d’œuvre de Tim Burton. Voilà un conte agréable mais dispensable qui a toutefois l’originalité de son récit et l’énergie de ses comédiens. Ce n’est déjà pas si mal.