Alice in Badland

Avant de devenir l’un des réalisateurs les plus productifs que l’enfer du DTV est porté, Albert Pyun était déjà un solide artisan qui s‘était fait remarquer dans le monde de la série B avec The Sword and the Sorcerer. Son nom était alors bankable puisque d'un budget de 2 millions, son film d’héroic Fantasy en avait rapporté 40, de quoi taper dans l'oeil des célèbres producteurs de la Cannon qui lui ont donc confiés plusieurs projets notamment Campus, Le Trésor de San Lucas suivi de ce Alien From L.A. ou L’Aventure Fantastique dans nos contrées, soit une réadaptation du célèbre roman de Jules Verne : Voyage au Centre de la Terre. Le film connaîtra d'ailleurs une séquelle intitulé Journey to the Center of the Earth et qui recycle les mêmes décors. Nous y suivrons les pérégrinations de Wanda, une pimbêche à la voie de crécelle qui va non seulement se faire lourder par son petit copain mais également perdre son père dans la même journée. Elle va donc devoir combattre sa peur de l’avion pour venir rassembler ce qui reste de ses affaires en Afrique mais elle aura le malheur de tomber dans la même crevasse que lui, ce qui la mènera au centre de la terre, à quelques encablures de la cité d’Atlantide. À partir du moment où le réalisateur se jettera dans le trou du lapin blanc, on sera néanmoins émerveillé par sa description d’une cité cyclopéenne qui semblerai sortir de l’imaginaire de Tim Burton.

C’est donc dans cette description d’un univers fantastique que le film impressionne, ce décor industriel souterrain plongée dans une nuit éternelle, son désert Mad Maxien envahi de buggy, ses artères grouillantes de vie, ses effets de fumées qui s’échappent des grilles d’aération ainsi que ses nombreux effets d'éclairages aux néons. L'urbanisme semble avoir été inspiré par les travaux de Sy Mead pour Blade Runner, mais on pense également à Brazil pour ses nombreuses excentricités et sa peinture d’un monde dystopique. Albert Pyun sait s’appuyer sur la richesse de son décor et de ses effets pour infuser une atmosphère onirique où le danger guette dans chaque recoin de cet environnement tout en faisant preuve d’une verticalité assez admirable dans sa mise en scène. On a clairement l’impression d’avoir affaire à une vision pervertit de Alice au pays des merveilles avec cette adolescente naïve perdu au milieu des clubs de prostitution et des arènes de catch clandestin. Au beau milieu de cette faune bigarrée, où les camés, les transsexuels et les prostitués côtoient les mineurs bourrus et autres farfadet de la pègre, Wanda sera perçu comme une intrus et se retrouvera pourchassé par une foule d'habitants qui voudront la revendre aux autorités despotique pour pouvoir se payer un fixe. Le rite initiatique de cette adolescente pourrait s'assimiler à celui de son réalisateur qui va devoir s'affirmer face au rejet des critiques et surmonter les contraintes financières, logistique et technique. Tout au long de son périple, Wanda sera bien souvent aidé par les hommes et vivement conseillé de se taire en souriant béatement, soit belle et tais toi en somme. Un précieux conseil que l'actrice Kathy Ireland choisira sciemment d'ignorer pour faire carrière comme doubleuse sur des cartoons et téléfilms de Nöel sans grand intérêt. Si on écarte ses nunucheries à l’eau de rose et son humour juvénile, Alien from L.A. a tout de même pour lui de posséder ce vernis kitch et clinquant typique de la production Amblin des années 80 (Les Goonies, L’Aventure Intérieur) qui plairont à certains et à d’autres un peu moins.

Plus on est de fous, plus on rit. Sur l’Écran Barge, tu trouveras toute une liste de critiques de films complètement DIN-GUES !