Pour ceux qui ont apprécié "Man in the Wilderness", ce film devrait leur plaire ; on retrouve une ambiance similaire, une peinture d'un monde sauvage, d'une société aux abois, de gens qui survivent comme ils peuvent et tant pis si ça signifie agir pire que des bêtes.


Je ne savais vraiment pas à quoi m'attendre, je n'ai chopé ce film que parce que j'ai vu "Night of the Eagle" du même réalisateur qui m'avait bien scotché par son scénario bien pensé et sa mise en scène ultra dynamique. Ce fut donc une très belle surprise.


Le scénario est minimaliste à souhait. Et c'est plaisant, ça fait même penser à du Disney tant on ne se perd pas en sous-intrigues puériles. Ce sont les deux personnages qui vont faire toute la beauté de l'histoire : comment deux êtres aussi différents vont apprendre à cohabiter, à collaborer dans le processus de survie face à la nature sauvage. J'aime beaucoup les nuances du film : on nous présente le trappeur comme étant une bête qui pose ses pièges sans se préoccuper que les animaux puissent souffrir et en face une jeune fille qui est écœurée par cette violence ; la manière dont les choses évoluent est intelligente, même si on s'y attendait. De même que le portrait fait des Indiens n'est pas juste politiquement correct ; en fait, l'auteur, à plusieurs reprises, fait croire à une leçon moralisatrice pour finalement montrer que ce n'est pas là le propos, qu'il s'agit juste d'hommes, de femmes, de survie. Ainsi donc, les méchants indiens, on ne les perçoit jamais comme représentatif de tout leur peuple, ils ont d'ailleurs la dégaine de petits délinquants comme il y en a dans toute société. Enfin, il y a des situations bien trouvées : la manière dont le piège est utilisé, je ne m'y attendais pas (je suis peut-être naïf) et tout ce qui s'en suit est très malin et donne lieu à une scène incroyablement intense. Enfin, ce film ne serait pas aussi impressionnant s'il n'y avait pas ce personnage de femme forte : une femme qui s'en sort seule, qui vient même en aide à ce gros balourd d'Oliver Reed. On trouve même de la grâce là où on ne s'y attend pas.


La mise en scène n'est pas aussi dynamique que dans "The night of the eagle" mais est déjà plus moderne que nombre de films de la même époque. Clairement, s'il était encore jeune et vivant, Sidney Hayers taperait dans le bon gros blockbuster, car même s'il choisit des sujets intelligents (de ce que j'ai pu voir), il ne délaisse pas pour autant le côté spectaculaire. Bien s)ûr, ça fait un peu sourire de voir Oliver Reed faire du canoë en studio, sur fond de projecteur, n'empêche que grâce à un mélange de ces images avec d'autres prises en extérieur avec un cascadeur, le réalisateur parvient à monter une séquence assez fun et chouette. La scène la plus spectaculaire reste celle du piège justement, ou plutôt ce qui suit, mais le film reste assez généreux en situation épineuse (y compris lorsqu'on en vient à mettre en image le rapport violent entre ces deux êtres). Les images ne sont pas aussi soignées que ce qu'on fait aujourd'hui, mais en même temps il n'y a pas tous ces filtres dégueulasses pour aider : ainsi donc, on se retrouve avec de temps de jolis plans dans la nature. Les morceaux sont également assez chouettes, donnent presqu'en vie de siffloter pendant le film ou au moins de tapoter du doigt sur la cuisse. Les acteurs sont tous très bons, mais bien évidemment, ce sont les deux principaux qui endossent le film sur leurs épaules. Reed est impeccable en trappeur un brin barbare, mais il faut surtout rendre justice à Rita Tushingham, qui ne vole pas la première place au générique : son jeu m'a paru un peu grossier dans les premières minutes mais par la suite j'ai trouvé pas mal de nuances (faut dire que tenir un rôle de femme muette dans de telles situations, c'était assez couillu). Un autre petit bonheur du film, c'est tout le soin apporté à la reconstitution ; je pense aux lieux, aux costumes mais aussi aux us et aux coutumes de la société de l'époque (drôlement intéressant de découvrir la manière dont l'héroïne va mettre de l'ordre dans ce qui sert d'habitat au trappeur). Enfin, l'humour est assez plaisant : il n'y en a pas énormément ailleurs que dans l'attitude du trappeur et la confrontation de deux cultures mais ça reste amplement suffisant pour apporter de la couleur (jouer la carte du drame aurait rendu le film trop lourd et peu intéressant).


Bref, j'ai passé un excellent moment devant ce film.

Fatpooper
9
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le 29 oct. 2016

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Fatpooper

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