Un film raté. Pourtant, le sujet est intéressant, John David Coles relatant la trajectoire atypique de Clarence Darrow, un avocat américain au service de la bourgeoisie se mettant subitement et de façon prolongée au service des ouvriers et des opprimés, pour lutter contre l'injustice. Mais le film manque de rythme ; la réalisation est trop sobre, les images pas très jolies, et la dernière demi-heure est moins intéressante, et même très ennuyeuse.
Darrow est ici raconté par son fils : on voit ses combats contre la peine de mort, qui font penser à ceux de Badinter par la suite, dans une Amérique favorable au lynchage...Ses combats pour défendre les ouvriers contre les patrons qui cherchent à briser les grèves, pour lutter contre le travail des enfants, pour défendre le courageux syndicaliste Eugene Debs ou encore pour garder le droit d'enseigner la théorie évolutionniste de Darwin
Des combats qui pourraient sembler d'une autre époque mais qui sont encore d'actualité (débats sur la peine de mort et le créationnisme aux Etats-Unis ou ailleurs, question de la misère et des mouvements sociaux).
On y décrit aussi ses doutes, quand il défend les frères MacNamara après un attentat à Los Angeles en 1910 : la fin justifie-t-elle les moyens ?
Ses difficultés personnelles aussi, avec les conséquences de ce genre d'engagement très lourd sur la vie familiale (il s'occupe peu de sa femme et de son fils) : il a une vie publique exaltante, il a trouvé sa voie, une sorte de drogue, mais c'est au détriment de sa famille, provoquant une séparation avec sa femme et son fils.
Sa déchéance aussi, dans l'alcool, après un procès où il est accusé d'avoir soudoyé un juré, et durant lequel il est lâché par tous, y compris par Debs.
On pourra quand même retenir de ce personnage que c'était un défenseur déterminé des causes impossibles, le partisan d'une justice exempte de cruauté : un bourgeois qui défend les pauvres, les Noirs, les mineurs, toutes les catégories souvent délaissées mais qui ont pourtant besoin de soutien, avec une volonté de fer, un tempérament infatigable : « je me reposerai dans la tombe, j'ai encore des choses à réaliser » !
C'est Kevin Spacey qui incarne Darrow mais il n'est pas toujours très convaincant, malgré d'importants efforts : il porte son personnage ayant adopté une démarche particulière, et il finit voûté, affalé, déprimé, en homme brisé. Mais si la prestation corporelle est excellente, il joue à l'oral son personnage de façon un peu trop fade malgré son éloquence.
Voilà au total un film au sujet intéressant mais à la réalisation assez ennuyeuse, notamment dans sa dernière partie.