L’échange des princesses réalisé par Marc Dugain fait partie de ces films qui, au premier abord, laisse croire à une simple retranscription de l’histoire sur grand écran. Or, ici la fidélité historique n’est pas l’objectif du réalisateur. En effet, le long-métrage utilise comme prétexte historique l’échange de deux princesses, au cours du XVIIIè siècle, qui permettent aux royaumes de France et d’Espagne de rester en paix, les deux pays ayant été ravagés par des années de Guerre. Le Roi de France Louis XV se retrouve marié contre son gré à la fille du roi d’Espagne, âgée de 4 ans, tandis que la fille du régent se retrouve mariée avec l’héritier de la couronne d’Espagne.
Le film est parsemé de nombreux thèmes, dès les premières apparitions du jeune Roi Louis XV on comprend, par la mise en scène, tout le poids que représente pour lui sa responsabilité de souverain. En effet, au moment où il entre dans son château on peut voir l’immensité du lieu qui écrase le jeune garçon, minuscule dans cet univers bien trop grand pour lui. Tous les personnages masculins du film font face à cette situation : le Roi d’Espagne, interprété ici par Lambert Wilson, est tourmenté par toutes les morts qu’ont causées les différentes Guerres qu’il a fait disputer. Son fils, quant à lui, est tout simplement incapable de diriger quoi que ce soit, il ne fait que subir les évènements, ne s’affirme jamais en tant que souverain. En réalité, aucun de ces personnages n’a envie de gouverner, tous y sont forcés de par leur sang, étant tous descendant du Roi Louis XIV. Le pouvoir les broie tous.
L’intérêt principal de ce récit ancré de cet univers dirigé uniquement par des hommes est, ironiquement, les femmes. En effet, toutes celles un minimum développées présentes dans le film, présentent une caractéristique commune : elles sont toutes fortes. Dès la première scène la gouvernante du roi Louis XV fait face aux hommes du Roi qui veulent lui retirer la garde du jeune dauphin qui viens de perdre un de ses parents. Les princesses, quant à elles, montrent des signes de force, chacune à leur façon. Louise Elisabeth se montre insolente envers son mari ainsi que son beau-père, pourtant Roi d’Espagne, à de multiples reprises. Elle va même jusqu’à à refuser que le dauphin de la couronne la touche, alors que l’ordre de coucher avec elle a été donné par le Roi lui-même. La jeune Marie Victoire, elle, montre avec sa dernière réplique qu’elle a beaucoup apprise de son histoire à la cour de France et deviendra une femme puissante. L’histoire lui donnera d’ailleurs raison. Les deux « femmes » donnent l’impression de survivre à tous les maux du monde.
La beauté de ce film réside aussi bien dans sa photographie, somptueuse s’il en est, que dans les thèmes abordés, tous d’actualité. L’amour, le pouvoir, la sexualité, le désir d’émancipation sont autant de sujets que L’Echange des princesses aborde avec grâce et justesse.