La plus importante erreur de casting de cette School for Good and Evil, divertissement minable pourtant défini comme nouveauté à découvrir absolument par la plateforme auréolée d’un N rouge, tient à la présence de Paul Feig derrière la caméra. Réalisateur de comédies vulgaires aux dialogues millimétrés, à la mise en scène tranchante et à la direction d’acteurs – et surtout d’actrices, pensons à Melissa McCarthy ou à Kristen Wiig – hilarants, il n’a pas les épaules pour porter un blockbuster qui aimerait galvaniser le cadavre encore chaud de la saga Harry Potter. Son travail sur le remake féminin de Ghostbusters (2016), de grande qualité quoiqu’en pense le public moutonnier, articulait grand spectacle et pochade outrancière ; enlevez l’outrance et vous obtiendrez cette école de la magie nulle, production déséquilibrée et sans âme, qui tente çà et là d’injecter une dérision à des situations trop sérieuses et naïves pour convaincre.
L’ouverture, qui relate l’affrontement entre deux frères ennemis, ressemble au projet scolaire d’une classe de collégiens tant l’épique souffre de tous les clichés du genre, tant les effets spéciaux numériques piquent les yeux et heurtent par leur imprécision, tant le montage échoue à rythmer correctement ses plans et les charcute suivant le diktat des blockbusters contemporains. La suite agace puis endort, et ce n’est pas la partition musicale de Theodore Shapiro, sous perfusions James Newton Howard, qui saura nous réveiller. Un cauchemar narratif et visuel alimenté par les terrifiantes expressions faciales de Sophia Anne Caruso.