1 an après The We and the I, petit film dont on ne connait pas bien l'intérêt si ce n'est d'ouvrir les marches du Festival de Cannes à son réalisateur, Michel Gondry nous revient en France. Mais pas pour n'importe quoi, non, pour l'adaptation d'un de notre héritage culturel : j'ai nommé L'écume des jours, de Boris Vian.
Une histoire bien à nous, où Colin (Romain Duris) rencontre enfin le vrai amour : Chloé (Audrey Tautou). Le bonheur s'installe dans le couple, jusqu'au jour où Chloé tombe mortellement malade : un nénuphar lui pousse dans le poumon droit...
Si Boris Vian l'a toujours hanté, ce n'est qu'aujourd'hui que le réalisateur s'y attelle, et nous avons hâte de voir ce qu'il nous a concocté...
À coté des blockbuster américains, Iron Man III ou Oblivion, voici venir notre "film à grosse production" : L'écume des jours.
En effet, il n'y a qu'un seul mot pour représenter le film : la grandeur.
Comme une volonté d'attirer le public, Gondry s'est entouré d'un casting à la Asterix. Premier film où il joue, le réalisateur s'accapare des têtes d'affiche allant de Romain Duris à Gad Elmaley, en passant par Omar Sy, tous plus connus pour leurs célébrités que pour leurs talents.
Seulement voilà, Michel Gondry n'est pas n'importe quel réalisateur. Lui a l'art de rendre crédible tout ce qui ne l'est pas, à l'image de ces bricolages fait de stop motion ou de projections à la place du fond bleu : le réalisateur crée la vie sur le plateau de tournage, et nous le rend.
Inutile de le dire, le synopsis annonce la couleur : ce film baigne dans un univers où la
métaphore enfantine est de mise, et peu de personnes peuvent y entrer.
Si l'on a entendu parler d'une adaptation que Jean-Pierre Jeunet (Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain) aurait refusé, un seul autre a osé : Charles Belmont et son adaptation de L'écume des jours datant de 1968. Une adaptation si réussie du roman qu'elle tomba dans le néant.
Michel Gondry était, lui, le choix idéal.
L'homme anodin, l'histoire amoureuse, l'inventeur dans un monde enfantin mais pas moins cruel : cet univers est tout simplement le sien, qu'il s'est emparé dès ces premiers clips de Bjork (Human Behavior, pour ne citer que celui-là), un univers qui l'a fait rêvé et qu'il s'est aujourd'hui revendiqué comme siens.
Et c'est bien là le problème, car L'écume des jours en devient presque, à certains moments, ce que Le Hobbit : un voyage inattendu fut pour Peter Jackson : quand on en a trop, quand l'univers est notre, nous avons parfois envie d'épater la galerie.
Un déluge d'artifices en tout genre attend le public au début du film. Le pianocktail, la sonnette araignée, la table sur roulettes, les chaussures marchants seules, etc... : tant de jeux cinématographique fait mains, qui seront soit un rentre dedans poussif sensé nous tendre la main vers le film, soit aussi un gros répulsif nous faisant cligner des yeux. Pourtant, si vous tenez l'introduction, alors ce petit problème deviendra très vite anodins.
Et là seulement vous rentrerez dans la poésie du film, là vous verrez la magie de Michel Gondry.
Si L'écume des jours sera une pièce majeure dans la filmographie du réalisateur, on se demande parfois si c'est bien son œuvre et non celle de Boris Vian, car comme il le dit à tout bout de champ : il ne cessait de s'imaginer l'auteur derrière lui, et voulait le rendre fier.
C'est peut-être ce dernier détail, qui fera la différence entre La Science des rêves et L'écume des jours, entre le Michel Gondry et le Gloubi-boulga de Michel Gondry.
Quoi qu'il en soit, M. Gondry devait faire L'écume des jours pour avancer, n'en déplaise à nos petits yeux devant un si bon film qui devient tellement rare de nos jours. Surtout dans le cinéma français.
Pierrick Boully.