L'Effet Bahamas
L'Effet Bahamas

Documentaire de Hélène Crouzillat (2024)

C'est un député macroniste qui a dit que les chômeurs profitaient de leurs allocations pour aller aux Bahamas. Helène Crouzillat part de cette citation pour enquêter sur l'assurance chômage.

La manière dont la documentariste se moque de la citation, la dénonce et la retourne est très bien faite. Il y a pleins de choses ingénieuses, drôles et poétiques dans ce film, comme ce chômeur, grimé en ouvrier qui se balade dans les rues avec un gros haut parleur diffusant des phrases comme celle du fameux député. La manière dont elle crée de manière plastique une cartographie avec un système de poulie et de pelote de laine pour décrire le fonctionnement des assedics est bien aussi, en tous cas esthétiquement. Enfin on adore une des personnages du film, Rose Marie, ancienne employée de Pole emploi qui se bat aux cotés de tous ceux et celles mise de coté par le système rebutoir de l'assurance chômage à l'image de cette scène très parlante: devant une agence, des chomeur·euses tentent de rencontrer quelqu'un en vrai et en sont réduits à parler à interphone.

Malheureusement, cette scène est courte et Rose Marie est la seule personnage de terrain qui transmet une émotion avec qui on passe du temps. Sinon, on ne verra aucun·e chômeur·euse dans la longueur, ce qui pose un petit problème éthique à mon gout.

Et puis la réalisatrice veut donner une dimension "investigation" à son doc, comme si on allait débusquer un scoop. Mais elle n'est pas journaliste à Médiapart et il n'y a pas d'anguille sous roche: certes Macron a repris le dessus à un moment où les partenaires sociaux censés rédigés les règles d'indemnisations n'arrivaient pas se mettre d'accord mais rien est caché. Et sa manière de raconter ça comme si on était là face un complot qu'elle voudrait dénoncer est un peu gênante, et complique la pelote de laine censée expliquer le fonctionnement de l'assurance chômage à tel point qu'on est pas sur qu'elle l'est elle-même compris.

Cependant le doc nous rappelle ce qui est limpide: on écrase les chomeur·euses, on les responsabilise de leur situation, on les traites d'assisté·es et on leur fait la guerre en leur rendant leur vie déjà pas simple, encore plus compliquée. Et on les indemnise de moins en moins alors qu'évidemment comme le dit le slogan "de l'argent il y en, dans les caisses du patronat"

Derschop
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le 12 oct. 2024

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