L'Élève Ducobu par Voracinéphile
L’élève Ducobu, comme nous l’explique le générique qui frise le génie au même titre qu’un Arrête de ramer, t’attaques la falaise, on sent immédiatement un vent de bouffée nostalgique qui imprègne la pellicule, filmant ses salles de classes avec une nostalgie qui privilégie l’esthétique tévéfilm deluxe, histoire de se parer d’une approche pop qui va faire djeune mâtiné de hype. Pour le héros, on va donc prendre un mouflet capable de deux expressions faciales (sourire complice / angelot innocent) qui va nous faire partager sa vie trépidante d’échec scolaire qui s’assume comme tel, préférant largement le confort du cocon familial sans soucis pour le lendemain plutôt que de bosser un seul jour dans l’année. Bref, chez les jeunes, ils s’y retrouveront parce qu’ils verront un glandeur comme ils ont toujours rêvé de l’être, et chez les vieux, peut-être trouveront-ils une fibre nostalgique pour une petite tricherie qu’ils auront commise pendant leur enfance. Mais hélas, le spectateur n’est pas dupe. Devant une adaptation de bédé aussi paresseuse, dur de se retenir de bailler à de nombreuses reprises, tant il semble évident qu’à tous les instants, le film se fout d’avoir un public ou non. Il enchaîne les gags comme le ferait la bande dessinée, avec simplement des transitions entre chaque page du storyboard, qui doit être une compilation des premiers tomes de l’Elève Ducobu. A la réalisation paresseuse vient se greffer le charme naveteux d’acteurs de renoms. Outre le gras du bide insupportable, nous aurons droit à Elie Sémoun qui braille à chacune de ses interventions, basant son comique sur principalement un décalage : celui du volume sonore. Plus on monte haut dans les décibels, plus l’effet comique doit payer. Il y a un public pour Elie Sémoun, mais ici, ses interventions tiennent du cabotinage naveteux dans une splendeur encore rare de nos jours (mais on a bon espoir de voir encore des Disney Channel au cinéma). Quant à la professeure de musique, elle louche quand elle enlève ses lunettes, et nous sommes sensés nous décrocher la mâchoire. Mais c’est avec la première de la classe que le film parvient à des sommets du navet. En effet, hors de question de montrer la réussite scolaire comme une réussite. On est dans une comédie divertissante, l’inversion des valeurs est donc de mise. Ainsi, la première de la classe est une morveuse focalisée sur sa réussite qui se coltine pour mère une espèce de frisée guimauve au sourire miévreux, que le film veut nous faire détester par tous les moyens. Ces tentatives de manipulations, assez foireuses depuis le ratage Harry Potter 5 et sa Dolores Ombrage de pacotille (qui ne parvenait jamais à être castratrice), continuent de perdurer (dernier exemple en date : hunger games), et cela pour le plus grand désespoir des amateurs de personnages subtils. L’élève Ducobu, c’est le degré zéro de la subtilité, un espèce d’humour gras et infantile étalé sur une longue tartine sans la moindre finesse, telle une couche de nutella d’un centimètre d’épaisseur. C’est l’adaptation franchouillarde, la comédie molle, le divertissement boursouflé et malléable que l’on peut proposer partout à n’importe quelle heure à n’importe qui sans risquer de blesser avec des côtés saillants. Je ne sais pas très bien pour vous, mais moi, ça m’étouffe. Oh, que vois-je ? Une suite va bientôt sortir ?...