Enfin la vérité à la télé

C'est improbable mais c'est bel et bien arrivé : Bertrand Mandico a piraté le service public et a créé une émission spéciale autour de trois de ses courts-métrages.

Le travail et notamment la direction artistique de ce qu'il y a autour de ces trois courts-métrages en font selon moi une œuvre à part entière et non un assemblage bête et méchant de films qui existaient déjà. C'est quasiment du Godard absurde et avec des marionnettes, ces séquences spécialement créées pour l'occasion, et je n'ose pas imaginer ce que peut donner le visionnage de ce "film" sous l'emprise de substances, déjà parce que je n'en consomme pas mais aussi parce que ça doit être indescriptible.

La limite du film est propre à l'univers de Bertrand Mandico : il n'hésite pas à y aller de façon franche et à être lourd, et ça peut être soûlant à la longue. Que ce soit dans les couts-métrages présentés ou autour, on va se taper un nombre incalculable de fois les mêmes phrases, répétées comme un mantra jusqu'à ce que ça rentre bien dans le crâne du spectateur. Et le dessin animé avec la pomme comment dire... C'est absurde de chez absurde et très répétitif, mais on sent l'idée dont le type était fier et qu'il a voulu absolument marteler jusqu'à ce qu'on en puisse plus.

Je n'ai pas encore eu la chance de voir son film Conann mais deux des courts-métrages sont associés à l'univers développés pour le film. C'est très travaillé que ce soit du côté de l'image, des décors, des costumes ou des accessoires, et comme il y a beaucoup de plans-séquence, on a l'impression que ça a été tourné dans des plateaux de cinéma immenses et sur lesquels absolument aucun détail n'est laissé au hasard. C'est typiquement le genre de bizarreries devant lesquelles on ne comprend rien mais qu'on ne peut pas s'empêcher de regarder. Il y a même Karoline Rose au milieu de cette distribution, que je connaissais en tant que chanteuse et dont je vous recommande l'écoute des EP car c'est pas mal du tout.

Malheureusement quand commence The Last Cartoon, on est déjà essoré de ce à quoi on a eu droit jusque là et je n'ai pas accroché plus que ça à ce dernier segment. Ce n'était pas mauvais ou fondamentalement moins bien, mais l'univers de Conann était si séduisant que je trouvais ça presque hors-sujet.

Bravo à France 2 qui a osé diffuser ça, même à une heure aussi tardive, et bravo à tous les techniciens et artistes qui ont bossé sur ce programme parce que ce qui a été accompli est énorme et inédit à la télévision.