Dans un petit village de la côte d’Opale s’affrontent deux peuples intergalactiques, représentant le bien et le mal, respectivement dirigés par La Reine (Camille Cottin) et Belzébuth (Fabrice Luchini). L’Empire, douzième long métrage de Bruno Dumont, est centré sur deux duos de personnages, d’une part Line (Lyna Khoudri) et Jony (Brandon Vlieghe), sujets de Belzébuth, et d’autre part Jane (Annamaria Vartolomei) et Rudy (Julien Manier), sujets de la reine. Dumont s’essaye à la science-fiction tout en gardant son burlesque habituel mais, à trop être décalé et au millième degré, le film manque de profondeur et se perd dans sa bouffonnerie.
Dumont n’arrive pas à centrer son action qui se délite par un humour assez convenu et paresseux, il va même jusqu’à recycler son fameux duo de gendarmes de P’tit Quinquin et Coincoin et les inhumains. L’art de Dumont est appréciable pour son dosage de burlesque et de grandes scènes intenses (on se souvient des longs regards caméra de Jeanne d’Arc dans Jeanne, accompagnés de la très belle musique de Christophe). Dans l’Empire cette formule n’est plus là car Dumont s’enferme, de manière volontaire ou non, dans une parodie de science fiction qui n’a d’intérêt que sa drôlerie. Alors oui, nous rions, mais à la énième scène de Luchini, en chef d’empire spatial diabolique et grotesque, on finit par être agacé.
On se lasse aussi car, formellement, cet amoncellement de gags ne permet pas de se concentrer sur les fascinants décors de la côte d’Opale chère au réalisateur. Ils sont ici traités comme un terrain de jeu, et non plus comme un sujet à part entière. La mise en scène est toujours la force de Dumont, c’est indéniable, comme le montrent les plans d’ouverture sur les dunes, où Line bronze nue. Cette scène d’ouverture filmée en plan très large mêle la trivialité du personnage et le grandiose du paysage. Ce type de plans est malheureusement peu présent.
L’Empire, sans être un mauvais film, ne parvient quasiment jamais à émouvoir.