George Lucas a retenu deux leçons de Star Wars - Episode IV. La première c'est de ne jamais laisser s'approcher un exécutif de sa poule aux œufs d'or : le merchandising. La deuxième, c'est qu'en vrai, il aime pas tourner... Il aime inventer des trucs et qu'on les fabrique pour lui. De ce deuxième constat naitra la collaboration la plus fructueuse des années 80 : la trilogie Indiana Jones.
Mais en attendant il a une poule à traire, et met en place l'Episode V. ( Oui, une sorte de lubie lui a pris de numéroter ses films n'importe comment, mais avec les années on s'y fait. )
Il s'octroie les services de Leigh Blackett ( qui hélas est morte peu après avoir remis sa première version... qu'il a fini par rejeter. ) et de Lawrence Kasdan pour mettre en forme son idée sur le papier. Et le résultat est impressionnant. Les personnages archétypaux et figés deviennent des humains palpables, qui crient, souffrent, et tombent amoureux dans le feu de l'action... Sans perdre du caractère épique et intemporel du IV. Un travail d'orfèvre.
Les complices réservent même une surprise de choix : Darth Vader, le grand méchant ténébreux, n'est autre que le père de Luke Skywalker, le petit gentil irréprochable ! Et le secret sera bien gardé tout le long de la production, seule une poignée d'élus sera mise au courant... Mark Hamill lui même n'en saura rien avant le jour du tournage !
Quoi qu'il en soit, George ne veut plus réaliser, et va faire appel à un vétéran rencontré sur les bancs de son école de cinéma. Mais pas en tant qu'étudiant : un de ses estimés professeurs, Irvin Kershner. Ce dernier, épaulé par le brillant chef opérateur Peter Suschitzky ( The Rocky Horror Picture Show, l'essentiel de la filmo de Cronenberg... ) va mettre en place une esthétique iconique carabinée.
Hoth, Dagobah, Bespin... Encore des noms imprononçables, magnifiquement photographiés. Le glacier au froid mordant, les marécages poisseux et la cité des nuages sont magnifiques, plein de textures et de vie. Il y a des scènes entières où chaque plan est mémorable !
Et puis le film intègre son lot de nouveaux personnages. Lando Calrissian, un aimable traitre-fourbe et néanmoins ami de Han Solo et surtout... Surtout... Yoda. Ce Maître à penser des temps modernes restera à jamais gravé dans l'inconscient collectif. "Un grand guerrier ? Les guerres ne rendent pas grand.", "Fais ou ne fais pas, il n'y a pas d'essai", "Tu auras peur..." ou encore "A moi ! A moi !" Autant de répliques cultes, proférées par ce petit bonhomme à la voix rocailleuse et à l'œil malicieux, superbement animé et interprété par Frank Oz.
Pour finir, John Williams s'est absolument surpassé sur cet épisode. Reprenant l'essentiel des thèmes déjà développés, il incorpore un thème par nouveau lieu ( Bespin, et le Thème de Yoda... ) et invente La Marche Impériale. Si puissante qu'elle en devient indissociable de Darth Vader et l'Empire : elle manque carrément à l'Episode IV !
Voilà comment, mine de rien, L'Empire Contre Attaque surpasse son prédécesseur, grâce à une production qui a su prendre des risques tout en livrant au spectateur ce qu'il désire. Spectateur qui a du sacrément criser en 1980, car il lui fallait attendre trois longues années pour connaître la fin !
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La Special Edition de cet opus est celle qui meurtrit le moins la trilogie. Les quelques ajouts ça et là ne viennent pas divertir l'attention, bien au contraire : la cité de Bespin est plus ancrée dans nos yeux. Et, ma foi, je n'ai rien contre voir le Wampa avant son attaque, même si je le trouve un peu placide...
C'est pas le meilleur épisode de la saga pour rien !