McEnroe : grâce et fulgurance

Quand j'ai découvert McEnroe au début des années 80, le tennis est devenu soudain quelque chose de beau que je pouvais regarder pendant des heures. Plus que sa technique, c'est la grâce et l'apparente facilité du jeu de ce joueur qui me fascinaient. McEnroe tenait à la beauté du geste. Et sa personnalité pétrie de contradictions a achevé d'en faire un mythe. Derrière le champion arrogant au langage de charretier, on découvre un enfant surdoué complexe et touchant, mélange de timidité maladive et d'insatisfaction permanente.

McEnroe a brillé intensément et brièvement grâce à un jeu, une photogénie et une aura sans équivalent. Il n'a pas révolutionné le tennis, puisque personne ne l'a suivi, mais l'a rendu plus intense, plus rock, plus imprévisible.

Ce qui frappe aussi, c'est le gabarit modeste de McEnroe, presque frêle. Ça nous rappelle qu'à une époque pas si lointaine, il était possible de dominer le tennis mondial sans ressembler à Terminator.

Magnifié par la voix off de Mathieu Amalric et une chouette BO, c'est un très beau portrait d'un sportif unique et d'un être humain attachant et mystérieux. Il se termine par des extraits de la finale Lendl-McEnroe à Roland Garros en 1984 qui éveillent des souvenirs intenses et beaucoup de nostalgie.