On se regarde beaucoup dans ce film, beaucoup plus qu'on ne se tue. Dans les regards masculins, on lit le désir, la concupiscence, voire la folie. La pression sur les filles est lourde et permanente. À la ville comme à la campagne, elles sont admirées, reluquées, épiées en secret. La convoitise est partout. Convoitise qui peut pousser certains à violenter ou même à tuer. Martino montre des filles qui font face à cette pression constante avec aplomb, sans détourner les yeux, comme en témoigne le regard lumineux et débordant de vie de la magnifique Tina Aumont.
Martino montre des filles qui s’assument et n’ont pas peur d’être sexy.
Il sait aussi filmer l'Italie et son architecture, de Pérouse à la campagne de Tagliacozzo.
Il sait choisir des lieux marquants pour ses meurtres nocturnes : sous un viaduc, dans un bois brumeux et marécageux ou dans cette incroyable villa perchée au bord d'une falaise.
Après une première partie parsemée de meurtres (mention spéciale à la tête écrasée, avec une voiture et un mur en guise de casse-noix) où tous les hommes paraissent suspects, on aborde une deuxième partie bien différente et plus réussie, sous forme de huis clos claustrophobique et silencieux dans la villa, comme une partie de cache-cache haletante et macabre entre le tueur et l’héroïne.
Mon seul bémol, c’est la tendance qu’a Martino de trop déshabiller les filles et de filmer leurs seins en gros plan; gros plans totalement gratuits, puisque ça ne peut pas être le point de vue du tueur. La scène de lesbianisme semble sortie d’un téléfilm érotique et n’apporte rien au film non plus.
Les actrices sont excellentes et j’admire ce don et ce goût qu’ont les réalisateur italiens pour choisir des trognes masculines incroyables (le vendeur ambulant et le livreur).