On ne présente plus L'Empire des Sens qui, encore aujourd'hui, est considéré comme un des films les plus sulfureux du Septième Art, provoquant un gigantesque tollé lors de sa sortie en salles. Se basant sur des faits s'étant déroulés au Japon dans les années 30, le film relate l'histoire d'une folle passion charnelle et amoureuse. Bref, de quoi me plaire sur le papier!

Second film que je vois de Nagisa Oshima après le très bon Furyo, l'Empire des Sens m'aura paradoxalement convaincu et mis de côté en même temps. On peut louer déjà le fait que le cinéaste ose. Il ne recule devant rien pour narrer cette passion sordide. Fellation non simulée, pénétrations non simulées... Pas étonnant que ça ait choqué son petit monde. Oshima signe un film (très) érotique où le mot "sens" prend toute sa dimension. Tout le long du film nous voyons ces deux êtres humains dont leurs actions semblent exclusivement dictées par leurs sens, où la raison semble les avoir totalement abandonné. D'ailleurs le film s'interroge sur les limites entre la raison et la passion, progressivement on voit ces deux personnages sombrer dans la folie, la folie de leur passion galopante et imperturbable.
J'ai apprécié le fait que le film se déroule très souvent dans des espaces clos, renforçant le côté intimiste de l'oeuvre, nous plongeant dans la sphère très privée formée par ce couple atypique. Techniquement le film n'est pas mal du tout, c'est globalement bien mis en scène, intelligemment mis en scène même pour pouvoir maintenir une certaine tension sexuelle et ce rêve(cauchemar?) éveillé sans fin.
Je n'ai néanmoins pas été pris dans le film de bout en bout. Je trouve qu'il affiche un sérieux problème de rythme. Tantôt certaines séquences sont très intenses (les scènes de sexe du couple, le passage avec la vieille geisha...) mais autant le soufflet retombe parfois drastiquement. Ce qui ne m'a pas aidé à accrocher du début à la fin, je me suis un peu ennuyé par moments.

Le duo Matsuda-Fuji est fascinant et perturbant de par son authenticité. Ces deux acteurs sont très investis dans leurs rôles et ça se ressent, ils dégagent une grande alchimie. Ce tourbillon charnel apparaît à la fois poétique et vulgaire; disons qu'Oshima est audacieux mais c'est vrai que ça frôle un peu l'excès sans pour autant que ce soit voyeuriste. Il faudrait juste éviter de diffuser ce film aux bonnes soeurs quoi.
Outre l'aspect très explicite, le film reste énigmatique et intéressant. C'est l'histoire d'une passion destructrice qui arrive à prendre aux tripes bien qu'elle ne m'ait pas particulièrement chamboulé. Je le conseille néanmoins, c'est une oeuvre atypique et intense qui a le mérite de ne pas faire de détour pour traiter plus ou moins brillamment son sujet. Du cinéma de qualité
Moorhuhn
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les plus fortes tensions sexuelles dans les films et Les meilleurs films japonais

Créée

le 9 sept. 2012

Modifiée

le 9 sept. 2012

Critique lue 601 fois

3 j'aime

Moorhuhn

Écrit par

Critique lue 601 fois

3

D'autres avis sur L'Empire des sens

L'Empire des sens
Grard-Rocher
8

Critique de L'Empire des sens par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Critique remaniée le 12 octobre 2021. C'est en 1936 à Tokyo qu'une ancienne et jolie geisha, Sada, officie comme serveuse de restaurant dans un établissement des beaux quartiers de la capitale. Entre...

41 j'aime

7

L'Empire des sens
Star-Lord09
6

Le Cinéma ne pense qu'à ça !

Mais bon Dieu que fait ce film dans les années 70 ? Alors oui, certains diront que le Ciné des années '70 est celui de la maturité etc etc... Pourtant, nous, pauvres cinéphiles perdus dans les...

34 j'aime

32

L'Empire des sens
Deleuze
6

De bien étranges trophées...

"L'Empire des sens" est l'œuvre du bizarre. Très peu enthousiasmé avant le visionnage à cause de la réputation quasi "pornographique" (tendance aux gros plans intimes) dont on m'avait fait part,...

le 17 avr. 2013

34 j'aime

8

Du même critique

Monuments Men
Moorhuhn
3

George Clooney and Matt Damon are inside !

Ma curiosité naturelle, mêlée à un choix de films restreint sur un créneau horaire pas évident et dans un ciné qui ne propose que 10% de sa programmation en VO m'a poussé à voir ce Monuments Men en...

le 12 mars 2014

62 j'aime

7

Eyjafjallajökull
Moorhuhn
1

Eyenakidevraiharetédefairedéfilmnull

J'imagine la réunion entre les scénaristes du film avant sa réalisation. "Hé Michel t'as vu le volcan qui paralyse l'Europe, il a un nom rigolo hein ouais?", ce à quoi son collègue Jean-Jacques a...

le 23 oct. 2013

61 j'aime

6

Koyaanisqatsi
Moorhuhn
10

La prophétie

Coup d'oeil aujourd'hui sur le film Koyaanisqatsi réalisé en 1982 par Godfrey Reggio. Point de fiction ici, il s'agit d'un film documentaire expérimental sans voix-off ni interventions, bref un film...

le 1 mars 2013

57 j'aime

12