S'il n'avait pas poussé la réflexion jusqu'à la possession de la chair de l'autre, on serait resté dans une histoire d'amour "banale". Au contraire, je trouve que le film dans son absence de bienséance ne joue pas les hypocrites là où d'autres auront été prudes.
Ce qui est plus délicat, c'est de garder une vision d'auteur dans la cruauté, sans voyeurisme, sans démagogie ou esthétisme. Oshima a réussi de ce point de vue puisque nous en parlons encore. Non seulement nous n'en parlons pas comme d'une banale histoire d'amour ou de fait-divers mais il y a, à mon sens, une vraie élévation du discours d'auteur. S'il n'avait pas acheminé ce désir, je suis convaincu qu'il n'aurait pas dépassé le cadre de son époque ou celui du divertissement.
S'il est là, le point négatif, au point d'être inavouable dans la critique initiale, c'est moi qui suis partagé. Partagé puisque c'était une nécessité. Ce n'est pas un film érotique ou sadique, l'angle est bien plus... philosophique. C'est insuffisant de penser ainsi. Ne pas saisir cette autre volonté, ne pas la considérer, rend évidemment insuffisant l'intérêt de ce film. Il y a autre chose qui est tout autant accessible (pardon pour cette certitude mais cela m'a paru évident).
Je n'ai pas perçu de volonté érotique mais celle du langage du désir, poussé à un paradoxe. La langue du désir comme un animal traqué qui se déplace dans le corps amoureux.