Un bon petit diable ou les méfaits de l'enseignement jésuite...

Je sais, je n'attribue pas des notes de "huit" sur dix à tout va...
Mais ce film m'a séduit car il m'en a rappelé un autre (ou plutôt deux) qui m'avait surpris avant de me plaire : "Le p'tit quinquin" de Bruno Dumont, étonnamment absent de la réalisation de films ces temps-ci...
On y était transplanté dans un monde différent, avec un humour décalé, déjanté, mais sans tomber dans la folie douce ou le delirium tremens... Bref, un film différent qui s'accroche à du solide tout en déclinant des situations étonnamment burlesques (la religieuse qui se déshabille) mais susceptibles d'exister et on se prend à rêver ou cuachemarder, c'est selon...
Ici, le p'tit quinquin est autrichien : c'est Paul.
Flanqué d'un "balochard" de père, grand admirateur de de Gaulle et strict militaire jusqu'au fond de l'âme autant que religieux rigide. Il est craint dans le pays et impose une discipline de fer à son garnement de fils, qu'il installe dans un pensionnat religieux peuplé de jésuites aussi durs qu'experts en évangiles...
Dès le début, avec une "tronche" un peu étrange comme celle du p'tit quinquin, celle du petit Paul, (superbement interprété par Valentin Hagg), nous surprend, avant qu'il ne nous fasse entrer dans son monde réel et imaginatif. Peuplés de fortunes diverses et d'envies de faire autre chose : il veut rester maître de son destin.
Et à partir de ce moment, on va entrer comme dans "Alice au pays des merveilles" dans un univers comme on n'en connaît pas, en moins féerique : le scénario de Uli Bree et du réalisateur (et par ailleurs touche-à-tout) Rupert Henning est d'une richesse de situations incroyables. Mais dans cette comédie burlesque qui n'a rien de tragique ou de dramatique, au lieu de tout mettre dans un sac des situations cocasses ou non, et de les distiller au hasard, son récit suit un déroulement logique, cartésien (c'est bien la seule chose dans l'histoire) sans flash-back ni autres formes d'artifices...
Mais là où je retrouve Bruno Dumont, c'est qu'en plus d'une histoire peu banale, on bénéficie d'une galerie d'acteurs dont le physique ou le comportement sort de l'ordinaire, à l'image de ses deux flics ch'tis... Comme Karl Marlovics qui nous joue un névrosé mythomane qui s'habille en militaire avant de répondre au téléphone au... général de Gaulle...
On ressent successivement de la curiosité, de la révolte, de l'étonnement, de l'attendrissement pour le premier amour d'enfant que Paul va vivre, et on ne s'ennuie pas une seconde dans cet étrange film venu d'Autriche. Mais avec un comédien français à l'affiche : André Wilms toujours aussi bon que dans "La vie est un long fleuve tranquille" et qui, à 70 ans n'a jamais autant travaillé ! Une mention aussi pour Sabine Timoteo, peu connue en France, mais qui nous sert une composition, elle aussi, surprenante à la manière de Greco dans Belphégor...
Ce film est ma première très bonne surprise de l'année 2021 mais pour un film sorti en 2019...
Ce qui démontre qu'avec un peu plus de recherche, France Télévision pourrait nous trouver bien mieux que ces nanars policiers stéréotypés qu'on nous sert à la manière de la malbouffe de certains fast-food , même changeant de nom !
Arte le 05.02.2021

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le 9 févr. 2021

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