Water Cluzet
Dans son "Huis clos" Jean-Paul Sartre nous disait que "L'enfer c'est les autres". Chez Claude Chabrol, ici, c'est un peu le cas. Voici Paul. Paul a des crises d'angoisses qui lui font perdre ses...
Par
le 3 mai 2013
42 j'aime
31
J'ai eu envie d'y croire.
A ce patron d’hôtel qui a une vie paisible, trop paisible selon lui, qui a une belle femme, trop belle selon lui, j'ai essayé d'y croire. A cette femme, rongée petit à petit par la jalousie maladive de son mari et qui ne sait plus comment lui prouver son amour, j'ai aussi essayé d'y croire.
En vain.
Le film parait incomplet, bâclé. Lorsque j'ai appris qu'il avait été réalisé pour enfin finir un projet qui n'avait jamais abouti, j'ai décidé de regarder L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot, un documentaire consacré à ces travaux inachevés de Clouzot.
Plus que jamais conforté dans ma position, L'Enfer m'est alors apparu comme un brouillon, une ébauche de ce qu'aurait pu avoir l'air ce film s'il avait vraiment été fini par Clouzot. On sent que Claude Chabrol essaye de nous montrer que le mari est pris dans un cercle vicieux, qu'il s'enlise dans une paranoïa dont il ne parvient pas à se hisser, cependant, la façon avec laquelle il tombe dans sa pathologie est trop peu crédible. A maintes reprise, le manque de communication entre les deux protagonistes principaux parait si peu naturel qu'il nous est impossible de le trouver normal. Problème scénaristique ? Mise en scène mal soignée ? Jeu d'acteur inadapté ? Je ne saurais dire.
A coup de "Tu me trompes !", "Pardon, je t'aime...", "Tu me trompes !", "Pardon, je t'aime..." et ainsi de suite, l'histoire parait redondante. Si bien que l'on a l'impression que le film se répète inlassablement.
Les moyens dont disposait Charbol n'étaient, certes, pas les mêmes que ceux dont disposait Clouzot, mais tout le travail de recherche avait été effectué par le second. Ce jeu sur la lumière, le son, l'image est totalement absent de l’œuvre de Chabrol. Face à un Clouzot qui voulait faire sentir au spectateur, à travers son œuvre, que la situation était inévitable, que la souffrance que vit ce fameux Paul était insoutenable, qu'elle ne lui laisse aucun répit, l'œuvre de Charbol parait fade.
Je ne peux tout de même pas nier que ce film reste une bonne découverte et qu'il a le mérite de donner un aperçu d'un film qui n'existera malheureusement pas. Néanmoins, il ne conserve et ne conservera que ce rôle d'aperçu à mes yeux.
Que vous ayez apprécié ce film ou non, je ne peux que vous conseiller l'excellent documentaire de Bromberg afin de mieux le cerner ou l'apprécier.
Créée
le 25 avr. 2016
Critique lue 3K fois
14 j'aime
5 commentaires
D'autres avis sur L'Enfer
Dans son "Huis clos" Jean-Paul Sartre nous disait que "L'enfer c'est les autres". Chez Claude Chabrol, ici, c'est un peu le cas. Voici Paul. Paul a des crises d'angoisses qui lui font perdre ses...
Par
le 3 mai 2013
42 j'aime
31
25 ans après l'étape bretonne, j'ai suivi tonton Claude jusqu'à l'un de ces coins du sud de la France où il fait toujours beau et chaud mais débarbouillé de tout accent chantant. Dès le coup d'envoi,...
Par
le 16 févr. 2014
39 j'aime
6
L’Enfer de Claude Chabrol voit se déliter la réalité, le temps et voit au travers de la jalousie, l’une des plus grandes dérives de l’imagination. La pensée, celle qui est incessante, obsessionnelle,...
Par
le 23 avr. 2021
26 j'aime
2
Du même critique
On aura beau lui reprocher qu'il soit quelque peut vieillot, que les moyens utilisés pour effrayer le spectateur (la peur par le bruit) soient éculés, qu'il manque de subtilité, ou encore que ses...
Par
le 25 avr. 2016
3 j'aime
Hé l'ami ! Ta journée fut rude, ton domaine vient d'être pillé et le château de ton seigneur, ravagé ? Sèche donc tes larmes et viens boire à même le tonnelet. Messire Verhoeven va te conter...
Par
le 26 juin 2016
2 j'aime
Pusher, c'est l'histoire de deux amis qui se prennent pour des barons de la drogues, si ce n'est pour les rois de Copenhague, bien qu'ils aient un peu une dégaine de loosers et qu'il leur manque...
Par
le 24 avr. 2016
2 j'aime