Il est des films qui sont maudits. Lorsque le sort s'acharne, difficile d'en voir le bout du tunnel. C'est arrivé à Henri-Georges Clouzot, l'un des meilleurs cinéaste que l'Hexagone ait connu de toute son histoire. Son film, L'Enfer, devait être quelque chose de nouveau, d'inédit en ce qui concerne le traitement de l'image. Après des déboires de santé de Serge Reggiani et l'infarctus du réalisateur, le film ne verra jamais le jour. L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot revient sur ce tournage terrible.
Dans ce documentaire, l'équipe de Bromberg interviewe d'anciens participants, tant comédien que membres de l'équipe technique tout en exploitant les heures de rushes, d'essais, de prises de vue qui devaient servir au film. Ce documentaire permet donc de découvrir les images de ce qu'aurait pu être l'Enfer. Cela permet aussi au spectateur de se faire une idée du travail photo qui était réalisé.
Mais c'est surtout découvrir que l'enfer a bien été vécu par l'équipe du tournage. Mégalomaniaque, Henri-Georges Clouzot ne laisse quasiment aucun répit à ses collaborateurs. Méticuleux dans les moindres détails, insomniaque, il n'hésite pas à réveiller certains membres pour leur faire part du travail à venir, de ses idées, etc. Clouzot travaille d'arrache-pied, dispose de moyens extraordinaires pour boucler le tournage assez rapidement. Il n'a en effet que peu de temps, le lac qui sert de décor doit être vidé quelques semaines plus tard par EDF pour fournir de l'électricité à la région.
Ca n'empêche pas Clouzot de recommencer encore et encore des scènes. On admire aussi à travers le documentaire le travail de préparation qui est fait par le cinéaste. Il est juste incroyable, tout doit être précis, calculé d'avance pour qu'il puisse se concentrer sur le jeu des acteurs.
Mais le tournage tourne court. Son coeur lâche certainement sous la pression qu'il se met. Reggiani tombe malade et en dépression. L'équipe de tournage elle-même avouera qu'à force de recommencer encore et encore, elle ne savait plus où Clouzot voulait en venir.
C'est ce que raconte ce documentaire. L'histoire d'un film qui aurait pu être génial. L'enfer est devenu une légende, participant par là, même s'il n'en avait pas besoin, à ancrer encore un peu plus Clouzot dans cette même légende du cinéma.
C'est un documentaire propre et assez classique dans son traitement mais néanmoins fort intéressant.