J'ai connu Audie Murphy en lisant le tout premier article qui m'a introduit au site Cracked :
http://www.cracked.com/article_17019_5-real-life-soldiers-who-make-rambo-look-like-pussy.html
Je l'ai relu entièrement il y a environ un mois, juste pour le plaisir. Je me souvenais, grâce à la première lecture, que le #1 de la liste avait joué son propre rôle dans un film sur ses exploits, mais ce n'est qu'à la seconde lecture de l'article que je me suis dit que je pourrais le voir. Ca me tentait pas tant que ça au départ, mais étant intéressé par ce que j'ai lu sur ce type, et n'ayant pu avoir plus de renseignements sur Wikipedia, je me suis procuré le film pour me "forcer" à le voir, à défaut de pouvoir lire la biographie de Murphy. Je pensais qu'elle n'était pas sortie en France, sans avoir vérifié, alors que je viens de voir que si. Ca m'avait étonné aussi que le film et le DVD soient sortis en France.
Peu importe, je voulais voir le film, même si d'après ce qui est dit dans l'article le héros de guerre a insisté pour ne pas mettre les évènements les plus incroyables de sa vie dans le film.
Ce film raconte la vie d'Audie Murphy, le mec le plus décoré de l'armée Américaine, avec lui-même jouant son propre personnage, dans un scénario basé sur son autobiographie. Et le film a été réalisé avec l'aide de l'armée.
On ne peut imaginer un film qui soit plus propre à se montrer "pro-guerre", ou du moins "pro-armée".
Et effectivement, To hell and back s'ouvre sur un haut-gradé à son bureau, qui nous parle de ces hommes normaux qui accomplissent des actes extraordinaires dans un contexte de guerre, tous incarnés dans ce film en un seul soldat, Audie Murphy.
Murphy est présenté dans son enfance comme bon à la chasse, et comme étant un bont enfant qui prend soin de sa mère et de sa famille. Il apporte le petit-déjeuner au lit de sa mère malade, il quitte l'école pour gagner de l'argent pour ses proches, ...
On sent venir le culte de la personnalité.
Dans la phase "jeunesse d'Audie Murphy", tout est condensé, tous les évènements importants s'accumulent en peu de séquences. En quelques unes seulement, on apprend que la famille Murphy a un père absent dont on attend du courrier et de l'argent qui n'arrivent pas, Murphy prend la décision sur le tas de trouver un emploi, peu après on voit l'annonce de la guerre, et en même temps la mère du héros meurt, etc...
Le voisin de Murphy lui dit à l'occasion qu'il regrette d'avoir quitté l'armée, et lui conseille d'en faire sa carrière.
Le film s'annonce très manichéen, très tranchant. Vu l'époque dont on parle lors de l'enfance d'Audie, on trouve également du sexisme, avec ce fermier qui dit à sa femme "this is men's talk". Sa place est à la cuisine, on le voit quand elle propose des gâteaux pour mettre fin à une discussion sur la guerre.
Mais rapidement, je me suis rendu compte que ce film ne cherchait pas à être aussi élogieux que ça dans sa représentation des évènements.
Déjà, il ne fuit pas la réalité des choses, en laissant à voir les moqueries que doit subir Audie Murphy lorsqu'il veut s'engager dans la Navy. On rechigne ensuite à le laisser dans sa troupe, à l'armée. Le personnage a aussi l'image de ce freluquet qui a le mal de mer et est malade à cause de piqûres. Plus tard dans le film, même quand il commence à se faire respecter, il y a toujours quelques allusions qui le ramènent à son air de jeune adulte plutôt que d'homme : il est imberbe, on dit de lui qu'il devrait avoir moins peur des femmes, etc.
Au départ, en arrivant dans l'armée, on le voit toujours à part, restant spectateur des blagues potaches des autres (il y a carrément un dingue qui prend le fusil d'Audie pour le pointer sur un de ses amis, pour le "forcer" à boire), et dans un bar où tout le monde a une femme avec lui, il parcourt les lieux sans compagnie, se contentant de regarder les autres s'amuser. On lui donne une dame avec qui danser, mais il semble assez maladroit sur la piste avec elle.
En tant que nouveau venu, on le voit se faire conseiller de ne pas attacher la lanière de son casque, sans quoi sa tête partira avec si jamais une explosion le fait sauter ; en effet, il est le seul à avoir mis sa lanière.
Audie semble s'intégrer quelque peu parmi les autres, certains se montrant plutôt sympas avec lui (le conseil du casque, une discussion à un autre moment, etc), mais aucune relation d'amitié n'a encore été établie lors du premier acte de bravoure de Murphy, après la mort d'un des hommes avec lui. Je pensais que c'était le moment, dans sa vie réelle, où il pétait un plomb car son ami se faisait tuer. Ca aurait été une bonne motivation pour que, dans la scène en question du film, il s'avance vers les ennemis en leur tirant dessus, et une belle façon de démarrer les combats dans le long-métrage. Mais non, il s'avance sans vraiment de motivation, si ce n'est l'envie d'affronter des Allemands.
Par la suite, néanmoins, naît une camaraderie entre les personnages. Ils blaguent surtout entre eux, mais il y a aussi un homme qui devient sentimental et parle à Murphy de sa femme et de son fils, qu'il a abandonnés.
Le film explore d'autres personnages que Murphy, dont un personnage qui passe pour un grand dragueur, et dont j'ai aimé voir une facette qu'il cache à ses compagnons, lorsqu'il profite d'être avec une Italienne qui ne comprend pas ce qu'il dit pour tout lui raconter sur la femme qu'il aime vraiment. Ce n'est pas un truc qu'Audie Murphy a pu voir en vrai, ça doit être quelque chose qui a été imaginé par le scénariste à partir de la figure du mec qui se vante de ses conquêtes, et c'est le genre d'attention que j'apprécie dans le développement des personnages. En plus de ça, on voit qu'on n'en reste pas dans ce film à la mise en valeur de ce héros de guerre en tête d'affiche.
Là où To hell and back prend trop facilement parti, en fin de compte, c'est surtout dans le fait que les ennemis soient des nazes. Les premiers se font abattre direct, quand ils courent vers les personnages avec leurs fusils en main mais sans chercher à viser. On a l'impression que seuls les protagonistes savent comment combattre, et ils tombent rarement sous les tirs ennemis ou les explosions d'obus.
Et même quand quelqu'un meurt dans le camp d'Audie, son décès n'est pas rendu suffisamment dramatique, même si après coup on voit les autres s'en lamenter. Je crois qu'on ne s'attache pas assez aux personnages, mais je pense qu'un autre élément qui participe à ne pas être affecté, c'est le fait qu'il n'y a pratiquement pas une goutte de sang dans ce film, de sorte à ce que quand quelqu'un meurt, on voit simplement quelqu'un tomber à terre, sans que l'on puisse se rendre compte de la gravité de l'évènement.
La guerre use le moral des soldats, tel qu'ils nous le disent, et pourtant à côté de ça, on les voit encore blaguer, parfois juste après une scène où deux hommes excédés se sont disputés.
Il y a une scène dans un bar en Italie qui est même gaguesque, avec les hommes de l'armée qui se battent avec ceux de la Navy pour les femmes présentes. Ils se chamaillent, puis vont rejoindre les femmes à table, ces dernières leur souriant comme si elles n'avaient rien à foutre qu'on leur ait substitué les hommes avec qui elles flirtaient pour de nouveau, comme si tout était aussi simple, comme dans un dessin-animé.
C'est la seule scène pareille dans le film, qui autrement traite avec sérieux les sujets abordés. En Italie, on s'aperçoit de la prise en compte de la dure réalité par le film, en présentant des enfants pauvres qui se prétendent orphelins en réclamant des cigarettes. C'est une vision miséreuse que je n'aimais pas trop quand même, mais pour moi l'équilibre est rétabli quand une jeune femme refuse la charité d'Audie quand il veut donner du chocolat à son petit frère.
C'est un film qui, malgré mes a priori lors des premières séquences, se montre plutôt juste.
Finalement, il n'est pas manichéen comme j'avais tendance à le penser au départ, modifiant même les faits réels pour éviter de diaboliser l'adversaire. Dans la réalité, d'après ce que j'ai lu, des Allemands ont fait semblant de se rendre avant de tuer le meilleur ami d'Audie, qui est alors passé en mode berserker pour tous les tuer.
Dans le film, les adversaires ne tendent pas un tel piège, mais à la place c'est par une imprudence que l'ami de Murphy meurt.
Le film déploie pas mal de moyens pour retranscrire un climat de guerre, utilisant de nombreux véhicules de guerre, dont des tanks, et des effets pyrotechniques mimant des explosions de mines ou d'obus. C'est plutôt impressionnant, même si en quelques occasions, le film a recours à des stock-shots qui se remarquent par la qualité d'image différente. Pour un débarquement des héros, on les voit juste entassés contre un mur peint en vert, arrosés par de la fausse pluie, avant de voir en image d'archives les navires de débarquement arriver sur une plage.
Mais malgré les moyens mis en place, on s'ennuie un peu lors des affrontements, qui ne se ressemblent pas tous non plus, mais n'ont pas assez de quoi se différencier, pour la plupart.
Je crois aussi qu'ils manquent d'enjeux pour les rendre intéressants.
Et tout au long du film, je regrettais de ne pas voir ce moment où Audie tire depuis un tank prêt à exploser, pensant que ça faisait partie des éléments qu'il avait voulu retirer du film. En fait cette scène se trouve à la toute fin, mais n'est pas à la hauteur de ce que j'aurais imaginé à la lecture de l'article de Cracked. Enfin, à l'époque, ils ne pouvaient faire quelque chose d'aussi impressionnant qu'aujourd'hui.
Finalement, je n'ai pas appris grand-chose de nouveau concernant la vie de Murphy, les grandes lignes du film correspondant à ce que j'avais lu déjà. Les détails à côté, concernant lui et ses compagnons, pourraient être fictifs.
Mais j'ai trouvé de l'intérêt dans ce film ailleurs, dans la description de certains personnages ou du contexte par exemple, comme je le disais.
Et puis, le film se laisse regarder, il n'est pas mauvais.
PS :
-On voit un graffiti "Kilroy was here" dans la maison abandonnée autour de laquelle se livre un long combat. J'ai connu ça dans un cartoon de Tex Avery.
-Ca fait du bien d'entendre dans ce film (à la radio) un français interprété par un mec qui parle réellement français ! Marre de ces films où c'est du charabia prononcé par un anglophone. Ca m'a d'autant plus surpris que To hell and back n'est pas un film récent.