L'infection
Amateur de films d'horreur, il m'a fallu du temps pour apprécier la catégorie des zombies. Ce n'est que depuis une époque récente que je m'intéresse plus en détail à ce genre particulier. J'avais...
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Amateur de films d'horreur, il m'a fallu du temps pour apprécier la catégorie des zombies. Ce n'est que depuis une époque récente que je m'intéresse plus en détail à ce genre particulier. J'avais bêtement l'impression que les films de zombies étaient tous plus ou moins similaires, avec des mecs mal maquillés qui avancent le pus lentement possible, histoire de laisser aux héros toute l'occasion de s'enfuir.
Dans ma découverte du genre, j'en ai d'abord apprécié l'aspect politique (avec bien entendu les films de Romero, mais aussi les comics The Walking dead, du moins au niveau où j'en suis actuellement). Il m'a fallu plus de temps pour vraiment apprécié le côté simplement fun du genre, représenté entre autre par Lucio Fulci.
Je dois ce retour d'intérêt pour le genre à une critique de l'ami Bondmax, publiée récemment. Je l'en remercie amplement.
L'Enfer des zombies commence à Manhattan, où aborde un bateau apparemment vide. A l'intérieur, au beau milieu du désordre, les gardes-côté trouvent une main en putréfaction, des bestioles bien dégoulinantes et un zombie joyeusement carnassier.
La fille du propriétaire du bateau, aidée par un journaliste, va mener son enquête. Ensemble, ils remontent vers le lieu de départ du bateau, une petite île des Antilles qui a tout de paradisiaque, mais où un médecin se débat contre une étrange épidémie.
La métaphore de la maladie, de l'infection, est peut-être le centre du film. La « zombitude » est montrée comme une maladie. Les morts-vivants en seraient les bacilles qui chercheraient à quitter leur corps d'origine pour en infecter un nouveau (l'Amérique en l'occurrence). Cette impression est encore renforcée par le fait qu'une grande partie du film se déroule dans une sorte de dispensaire où les morts ont la fâcheuse tendance à revenir à la vie, à moins qu'on n'ait la gentillesse de leur flanquer une balle dans la tête.
Une fois n'est pas coutume, le titre français est plutôt bien choisi. La référence à l'enfer me semble judicieuse et en raccord avec la vision du cinéaste. Fulci s'oppose notre vision habituelle des Antilles, îles « paradisiaques » avec leurs plages de sable blanc, la mer bleue turquoise, les fonds marins qui invitent à la plongée, et va au-delà du décor de carte-postale. Le film se présente comme un trajet qui va le plus loin possible vers l'origine de l'infection, donc toujours plus avant vers l'horrible.
Fulci réussit alors parfaitement à implanter dans cette île tropicale une atmosphère poisseuse et glauque. Même quand on ne voit rien, ses gros plans sur les fronts en sueur, le jeu sur les substances et les consistances (comme celle des gouttes de sang qui tombent sur la coupelle du microscope, qui semblent avoir leur pesanteur), les sonorités et les inévitables légendes sur le vaudou, tout plante une ambiance malsaine.
La scène de l'attaque du requin apporte aussi deux leçons importantes à l'action : d'abord derrière la nature paradisiaque se dissimule un danger naturel, mais aussi que derrière ce danger naturel s'en cache un autre, encore plus féroce, et surnaturel celui-là.
Côté réalisation, Fulci a l'art du gros plan qui dégoûte ou qui fait mal. Pour tous ceux qui ont vu le film, je pense que l'évocation d'une certaine scène avec un œil rappellera de (bons?) souvenirs. Le film bénéficie d'un travail formidable sur les maquillages et les effets spéciaux, comme lors de ce plan sur une main coincée dans la porte. Autres gros plans intéressants : ceux sur les petites bestioles qui grouillent et gigotent dans tous les sens, bestioles bien gluantes et dégoulinantes si possible, et qui ne sont pas sans rappeler les films de Dario Argento.
Alors, certes, il ne faut pas chercher l'originalité du scénario (et c'est sans doute cela qui m'a tenu éloigné du genre pendant si longtemps). Les zombies avancent toujours le plus lentement possible, et tout ici est prévisible. Les interprètes sont franchement pas terribles, et les actrices ont été visiblement choisies pour leurs charmes pus que pour leur talent. Mais ce n'est pas cela qu'il faut chercher chez Fulci. Il faut voir ce film pour les corps déchirés, le sang qui dégouline, et tous ces joyeux détails filmés en plans rapprochés. Du fun, quoi.
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le 24 avr. 2019
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