Wild Bill Hickok + Calamity Jane + Général Custer + Deadwood = "Badlands of Dakota"



  • Sans Hickok, Bob et Custer, cette ville serait toujours à l'état de désert.

  • Hickok, Bob et Custer... Je me demande... Je ne crois pas qu'ils aient repoussé la frontière sauvage. L'avenir nous le dira. Que dire des personnes qui bâtissent leurs fermes le long des sentiers et qui construisent des écoles et des saloons ? Ce sont des gens ordinaires, comme nous. Bob et les autres, sont venus ici à la recherche d'aventures, et ils continueront pour le restant de leurs jours. Nous sommes différents, nous sommes venus pour rester. Tout comme nos pères qui sont allés en Ohio, au Missouri ou en Californie. Eux ne s'installent jamais dans un pays. Les vrais pionniers construisent des maisons, élèvent des enfants et leur enseignent le respect de la loi. Custer, Hickok et Bob sont... des étoiles filantes qui laissent une trace et disparaissent. Nous, nous sommes des arbres, qui s'enracinent, vieillissent et renouvellent la terre. C'est l'ultime frontière, et c'est nous qui l'intègreront à l'Amérique.



Alfred E. Green cinéaste oublié du grand public malgré sa filmographie démesurée composer de plus d'une centaine de films et pourvue de seulement trois westerns dont "Badlands of Dakota" sortie en 1941 symbolysant le premier des trois, mérite une véritable réhabilitation. Badlands of Dakota de son titre français "L'Enfer du Dakota" est un western habile qui en seulement 69 minutes parvient à proposer une intrigue dense qui met en scène des personnages historiques tels que "Wild Bill Hickok"(Richard Dix), "Calamity Jane"(Frances Farmer), ou encore "le Général Custer" (Addison Richards) accompagné de sa 7e cavaleries avant son départ pour Little Big Horn; jouant également sur le récit historique de la ville de Deadwood (bâti en toute illégalité sur le territoire indien malgré la concession du domaine via le traité de Fort Laramie signé par le gouvernement américain qui est partie en fumer à la découverte de gisements d'or par Custer), qui viennent entourer et servir une histoire dramatique autour d'un triangle amoureux destructeur entourant deux frères et une jeune femme. La ville de Deadwood est solidement présentée, elle renvoie avec brio l'esprit "ruée vers l'Or", avec son ambiance endiablée où se mêlent de nombreuses personnalités venant de plusieurs contrées.


L'excellent Broderick Crawford incarne avec conviction "Bob Holliday", aventurier honnête et respecté en tant qu'ancien combattant ayant fondé la ville de Deadwood aujourd'hui reconvertie en directeur d'établissement qui ne cesse de sauver la mise à son jeune et irresponsable petit frère : "Jim", un joueur de poker porté sur la boisson joué avec vivacité par Robert Stack. Après avoir sauvé une fois de plus la vie de son petit frère, Bob lui confie la tâche de retourner dans leur ville natale de St. Louis durant un long voyage de plusieurs semaines pour lui ramener sa fiancée "Anne Grayson", une amie d'enfance de ceux-ci qu'incarne efficacement la comédienne Ann Rutherford. Elle offre à son personnage une figure inexpérimentée qui depuis sa ville ne cesse de fantasmer l'Ouest sauvage, vision qui sera vite remis en cause à travers un discour d'une maturité étonnante autour des légendes de l'ouest qui ne sont finalement pas les véritables héros. Sur le chemin de retour, le bateau fluvial fait une escale au Fort Pierre, c'est là que Jim et Anne finissent par se rapprocher au point de finalement se marier, laissant à leurs arrivés la mauvaise surprise à ce pauvre Bob qui s'en trouve totalement dévasté au point de violemment se transformer en rejoignant un groupe de braqueur de diligence dirigé par Jack McCall (Lon Chaney Jr.). Bob va alors totalement vaciller et provoquer une confrontation en s'arrangeant pour que son frère devienne le nouveau shérif de la ville afin de le faire payer...


Parmi les personnages mythiques de l'histoire qui se greffent intelligemment au récit, la superbe Frances Farmer sous les traits de Calamity Jane marque grandement les esprits. La comédienne est resplendissante, d'une beauté à couper le souffle, faisant preuve d'un tempérament de feu en tant qu'ancienne partenaire d'aventure de Bob dont elle est éperdument amoureuse. Une femme forte qui a fière allure. Richard Dix en tant que Wild Bill Hickok s'en tire également très bien en tant que nouveau mentor de Jim que l'on regrette de ne pas voir plus à l'écran. On retrouve avec ravissement Andy Devine, une bonne gueule du western qui amène une véritable identité amusante en tant que Spearfish. Son rôle est proche de celui qu'il a incarné en tant que shérif dans "L'homme qui tua Liberty Valance", mais en version un brin moins trouillar. La maladresse d'Andy Devine est accompagnée par Hugh Herbert dans le rôle de "Rocky" le barman, qui est également le pompier incapable de la ville. Addison Richards pour le général Custer bien qu'important au récit apparaît malheureusement peu. Une distribution au top pour des protagonistes nuancés qui évoluent à mesure que l'histoire avance.


Badlands of Dakota ne déçoit pas grace à sa confrontation fratricide qui parvient à déjouer les attentes de par les choix scénaristiques. Une histoire dramatique avec des connotations plus légères qui forme un ensemble digeste dans lequel la romance et la bonne humeur parviennent intelligemment à céder le passage au drame et à l'action au milieu d'un rythme soutenu qui réussit à plusieurs reprises à rendre un contraste sous tension. Les scènes de poursuite sont entraînantes avec des moments de bravoure tout à fait satisfaisant comme durant la course folle de la diligence qui finit encastrée dans le magasin du pauvre blanchisseur chinois qui durant tout le film n'use pas de beaucoup de chance. La confrontation finale entre les Amérindiens, les habitants de Deadwood et la cavalerie a de quoi tenir en haleine le spectateur par le biais d'une atmosphère inquiétante via une mise en scène soignée qui malgré l'image en noir et blanc parvient à rendre un excellent jeu d'ombres qui favorise le sinistre massacre final. Une réalisation soignée qui au fur et à mesure parvient à faire grimper l'inquiétude quant à la confrontation entre les deux frères qui semble finalement inévitable. La composition musicale d'Hans J. Salter se marie bien avec les diverses séquences. Les chanteurs "Dwight Latin", "Guy Bonher" et "Walter Carlson", que l'on voit apparaître en tant que "The Jesters" dans le bar amène un petit plus avec des titres appréciables.


CONCLUSION :


Alfred E. Green présente avec Badlands of Dakota le premier de ses trois westerns parmi une filmographie comptant plus d'une centaine de films. Avec cette oeuvre, le cinéaste livre une intrigue simple mais intelligemment conduite via des choix inattendus qui viennent servir le drame, le comique ainsi que l'action à travers des séquences d'action mouvementées dont un final incroyable amenant une terrible conclusion au récit par le biais d'un casting impressionnant. Un film durant lequel on prend plaisir de découvrir une multitude de personnages mythiques de l'histoire de l'ouest à travers une ville qui l'est tout autant. Le comédien Robert Stack a qualifié Badlands of Dakota comme étant "l'un des westerns les plus oubliables jamais réalisés, un non-chef d'œuvre". Une citation qui me fait bien du mal, mais qui dans un sens colle bien avec le personnage égoïste qu'il incarne.


Une touche de Rio Bravo, un soupçon de L'homme qui tua Liberty Valance, pour terminer sur une pincée du Grand Sam, et on obtient "Badlands of Dakota", western sorti avant les trois films ci-dessus, tous incarnés par John Wayne.



Quelques années après la guerre, le territoire du Dakota est cédé aux Sioux, le 7ème régiment de cavalerie patrouille, sous le commandement du Général Custer. En 1874, on découvre de l'or, et Custer ne parvient pas à repousser les colons qui envahissent le territoire. C'est ainsi qu'est née Deadwood, une petite ville nichée au fond d'un ravin.


B_Jérémy
8
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste « WESTERN ! » : classement du meilleur au pire des films du genre

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le 2 juin 2021

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