Oliver Stone, réalisateur qui a connu ses heures de gloire fin 80/début 90 (avec notamment The Doors que j'aime beaucoup) s'offre ici un casting 4 étoiles (Pacino, Diaz, Eckhart, Quaid, Woods, Foxx, et même Charlton Heston qui dit coucou) pour un film portant sur le football américain, une réflexion sur le business aux dépens de l'humain.
Pourtant, le film démarre extrêmement mal. On débute en plein match, tout va à 200 à l'heure, la caméra gigote, les effets se multiplient, la foule crie, le coach crie, les joueurs crient, et on a de la musique par-dessus. Jamie Foxx, alias Beaman, vomit, et je l'aurais presque accompagné. Pour le coup, un film n'aura jamais aussi bien porté son nom français, L'Enfer du dimanche, car oui, c'est l'enfer. Une bonne moitié du film n'est presque pas regardable. La mise en scène est un véritable calvaire, et je voyais le moment où j'allais être contraint de faire une pause dans le film pour respirer.
Trop de bruitages, trop de tremblements de l'image, trop d'effets de caméra, trop d'excès tout simplement. Si c'est certainement la volonté de Stone qui nous immerge dans le monde du sport/show-business, ça n'en reste pas moins pénible. Le problème, c'est qu'à cet instant on est au niveau d'une adaptation de jeux vidéo type Street Fighter, avec des bodybuildés millionnaires dopés à la testostérone qui ne connaissent aucune limite. On vire dans le spectaculaire gratuit avec des placages qui entreraient tous dans le Top 10 annuel, des matchs qui vont à une vitesse folle (quiconque a déjà regardé ne serait-ce que le SuperBowl sait à quel point les mises en place sont longues, et les matches aussi par conséquent) et le touchdown de l'année à chaque match. Même les scènes dans les bureaux qui pourraient nous permettre de respirer partent en gueulante générale.
Jusque là Any Given Sunday est un film nerveux, fatiguant même. On commence à attendre la fin avec impatience et les 2h35 semblent bien longues. Seulement voilà, à partir du moment où Beaman se met ses coéquipiers à dos, on entre dans une nouvelle dimension. Stone s'attarde enfin sur les personnages, nous permet de les comprendre et de savoir comment ils sont arrivés là. Les téméraires qui ont résisté à une bonne heure de n'importe quoi ont enfin droit à du cinéma. Stone décide enfin de doser ses séquences football et a dû s'acheter un trépied car la caméra tremble moins. Cette évolution de la mise en scène est très certainement reliée à la personnalité du joueur-star Beaman qui, après s'être fait emporter par la tempête médiatique, commence à retrouver ses esprits. L'un dans l'autre, c'est bien fait mais qu'est-ce que c'est dur à supporter !
On ne peut s'empêcher la comparaison avec Friday Night Lights, autre film sur le Football US mais au niveau lycéen, et l'oeuvre de Stone est clairement perdante. Mieux filmé, mieux écrit, "FNL" l'emporte à tous les niveaux ou presque. Plus humain sans oublier le Football US pour autant, il nous permet de mieux entrer dans la psychologie des personnages. Any Given Sunday n'a de profondeur qu'en 2e partie, c'est dommage.
A boire et à manger, donc, pour le film d'Oliver Stone. Une bonne heure (voire un peu plus) inabordable ou presque avant qu'il ne se décide à vraiment traiter le sujet. Le casting, pourtant de haut vol, n'apporte pas grand chose dans la mesure où ils passent leur temps à crier. Les scènes de Football US sont dans la volonté de faire le show et vont donc un peu trop loin (la blessure du joueur de Dallas, vous êtes sérieux les mecs ?), mais sont essentielles au film. Il y a du cinéma, il y a des qualités, mais il faut être patient pour les voir.