Dans ma critique sur Frankenstein Junior, je disais que la parodie fantastique était casse-gueule, mais je crois que le film de sport l'est encore plus, il y eut en effet assez peu de réussites dans ce domaine, si l'on excepte les films sur la boxe et les courses automobiles. Mais Oliver Stone se lance dedans la tête la première en dressant dans son style sans détours un tableau précis et édifiant du monde du football US, car il a une conception bien à lui de ce sport. Il faut comprendre qu'ici, ce sport déjà très violent, se transforme en véritable champ de bataille où les chocs surpuissants sont filmés à bras le corps, dans une mise en scène taillée à coups de serpe qui fait mal rien qu'à la regarder, avec un sens de l'impact et du rentre-dedans propres au style du réalisateur de Platoon. Les matches sont glorifiés à grands coups de plans brutaux et d'effets techniques par un montage ultra percutant. En gros, on pourrait presque dire qu'il nous refait le Vietnam sur un terrain de foot américain.
En même temps, on décèle l' intérêt certain qu'un réalisateur à moitié chtarbé porte à ce sport, mais comme il l'aime tellement, Stone a envie aussi de montrer ce qui le ronge de l'intérieur. C'est donc une critique sans concession d'un milieu pourri jusqu'à l'os, où les joueurs ont depuis bien longtemps oublié les mots honneur, valeur, loyauté, et ce que s'amuser en jouant veulent dire. Il y a aussi l'opposition franche entre 2 conceptions du football, celle traditionnelle à l'ancienne qui a porté ses fruits incarnée par Pacino, et celle plus moderne et opportuniste incarnée par Jamie Foxx qui a envie d'utiliser les médias et les nouvelles technologies ; d'où le fait que même les empoignades verbales sont rudes, c'est l'occasion d'assister à quelques bonnes séquences de dialogue entre de grands acteurs comme Pacino/Quaid, Pacino/Diaz, Pacino/Woods ou Woods/Modine... Dire que le grand Al est magistral dans son rôle d'entraineur est un euphémisme, il semble qu'il s'épanouisse lorsque ses personnages évoluent dans un milieu où ils traversent des épreuves, et là on est servi, il nous livre un grand numéro au sein d'un casting 5 étoiles, où l'on découvrait par la même occasion les grands débuts de Jamie Foxx.
Tout ceci est bien joli, mais le film accuse quand même une certaine longueur sur presque 3h, ça les vaut peut-être, le sujet étant tellement riche, mais mis à part la violence de quelques scènes un peu trop appuyées qui ne m'ont pas dérangé outre mesure mais dont j'ai quand même eu un ras-le-bol, le film plaira surtout aux aficionado de football américain, les autres risquent de s'ennuyer, c'est un peu mon cas, je ne suis absolument pas passionné par ce sport, je ne me suis intéressé qu'au descriptif du milieu sportif empoisonné par la cupidité et la corruption, le reste était plutôt difficile à supporter.