Quand le X devint grand...
Un porno qui s'ouvre sur un suicide et se clôt sur une scénette moralisatrice et grinçante: Devil in miss Jones est précédé d'une flatteuse réputation, et force est de constater que la singularité de l'objet fait toujours son petit effet.
L'ambiance est d'entrée pesante. Georgina Selvin propose un personnage de femme d'une quarantaine d'années, à mille lieux des ados simplettes habituelles.
N'en pouvant plus de sa triste vie de bigote éternellement seule, elle se tranche les veines. Elle rencontre alors un bureaucrate des limbes qui lui annonce la mauvaise nouvelle : son suicide l'a condamné, malgré sa vie exemplaire, à croupir en enfer ! La pauvrette demande alors une faveur avant de faire le dernier voyage: elle qui n'a jamais connue d'homme, aimerait se voir initier aux plaisirs de la chair.
Le tout ne suit absolument pas le schéma classique et concentre donc les scènes de sexe au centre du film (qui est assez court) façon Behind the green door.
On se tape donc l'initiation de Mlle Spelvin sur près de 40 minutes, enchainant les situations classiques et moins classiques que je ne détaillerai pas ! (On notera toutefois l'utilisation improbable et certainement pas très légal d'un morceau d'Il était une fois dans l'Ouest sur une scène d'onanisme au jet d'eau, forcément mémorable).
Cette organisation surprenante fait naturellement ressortir le long prologue et l'épilogue, ouverts à toutes les interprétations, et de surcroît bien joués/bien éclairés.
Un an seulement après avoir démocratisé le porno US avec Deep Throat, un film qui n'était finalement qu'une gentille comédie coquine très limitée, les ambitions métaphysiques et la singularité visuelle de Devil in Miss Jones vont faire de Gerard Damiano un des auteurs les plus intriguant ET intéressant du X, et plus largement du cinoch indépendant américain.