Après le Mystère von Bülow, le réalisateur suisse poursuivait son parcours américain en revisitant un genre déjà bien exploré : le thriller psychologique, mais à sa façon. C'est à dire que contrairement à de nombreux réalisateurs américains qui s'appuient sur un savoir-faire hollywoodien sécurisant, Schroeder prend un malin plaisir à aller à rebrousse-poil, en contredisant les conventions et en accumulant des situations à contre-pied, il laisse se dérouler son intrigue un peu à l'aveugle en se débrouillant comme il peut pour ne pas se vautrer, ce qui l'amène à recourir parfois à des invraisemblances frappantes, à un côté caricaturalement macabre, et à une surenchère un peu Grand-Guignol qui alourdissent les potentialités de son scénario. Dans ces relations houleuses entre la vertu et la perversité, il manque l'ironie subtile et l'ambiguïté.
C'est en tout cas ce que peut laisser à l'esprit ce thriller : une surface apparente de polar classique dont le véritable objectif est raté et s'appuie sur un ton musclé avec une dose artificielle d'action et une confrontation entre 2 stars. On a quand même certaines questions autour des paradoxes moraux qui sont posées : combien de gens peut-on tuer pour sauver un enfant ? Un flic peut-il tuer des innocents pour protéger un criminel ? Ah oui, tout ceci chatouille un peu la déontologie, les archétypes du bon et du méchant sont habilement confondus.
Ceci s'ajoute à une dynamique qui s'appuie sur le jeu de ses acteurs, Andy Garcia dans le rôle du flic intègre torturé par sa conscience, et surtout Michael Keaton dans celui d'un serial killer féroce et mû par des névroses sanguinaires, leur confrontation étant des plus intense, ce qui ne fait pas oublier un reste de casting de qualité. On peut donc s'intéresser à ce thriller qui aurait mérité sans doute un traitement à la réflexion plus cynique et un meilleur final.