The International c'est une plutôt bonne surprise. Non pas que je m'attendais à une Bessonade ou une énième affaire Pellican de braderie, mais pas à un film comme celui ci en tout cas. Relativement honnête et efficace, un poil cynique, sobre, même si on sent bien l'odeur des dessous de bras de Jason Bourne dans l'air.
Personnellement, à quelques détails près, je n'ai pas trouvé grand-chose à reprocher à cette histoire plutôt bien menée de complot international à base de système perverti et de tirage de ficelles dans l'ombre. Sans dévoiler l'intrigue—qui ne casse tout de même pas trois pattes à un canard non plus— on peut bien admettre que malgré son apparente inextricabilité elle demeure néanmoins lisible, et c'est bien tout ce qu'on lui demande. Ancrée dans le contexte actuel de méfiance à l'encontre du système bancaire (Capitalism is evil n'voyez), de crise armée internationale, et de perte de repères, notamment représentée par l'absence totale de confiance envers nos dirigeants politiques et le système qu'ils personnifient ; elle s'avère donc toute à la fois simpliste, réductrice, cynique, mais plus si fantaisiste que ça.
En dehors de toutes ces considérations, le film est bien servi par une réalisation de bonne facture, sans être classique ni spécialement dynamique, ni particulièrement statique, qui néanmoins sait bâtir la juste tension au bon moment, et le sentiment adéquate vis-à-vis des protagonistes. Elle parvient à transmettre un sentiment d'oppression et de dilution des protagonistes dans une affaire trop large pour leurs épaules. En dénote une image froide, des plans très bien construits dans lesquels Tykwer réduit ses personnages à l'échelle de mouches collées au milieu de décors urbains à l'architecture envahissante, austère, et aux structures et motifs complexes. Un bon travail de composition qui instaure avec efficacité la sensation de dérive labyrinthique dans laquelle baigne la gueule de blasé de Clive Owen, entre autres.
Bref, pas vraiment de courses poursuites, ni de krav maga avec des crayons comme dans Bourne, mais de la tension psychologique, des exécutions froides, et de la bonne menace déguisée comme il se doit dans les hautes sphères du pouvoir alternatif, qui suffisent à capter l'attention du spectateur sans problème grâce à une bonne gestion du rythme.
Et cerise sur le gâteau, une scène mémorable de fusillade au Guggenheim Museum de New York que j'ai trouvé pour ma part plutôt haletante, intense et d'une durée parfaitement calibrée.
Owen, ce saint homme toujours en quête de justice et d'espoir, trimballe sa tronche de lendemain de cuite avec son flegme habituel ; entre l'agacement à peine étouffé et l'air de se demander si quand on lui parle on le prend pas pour un con. On aime ou on aime pas, moi ça dépend. Là c'est de circonstance, alors...
Tout ça pour dire que malgré une fin un peu expéditive et en demie teinte, The International surfe sur la vague du film de théorie du complot à l'atmosphère européenne (kikoo Jason Bourne), sérieuse et réaliste (dans certaines limites) avec pas mal de savoir faire. Une intrigue pas trop mal traitée, des acteurs qui font le job, un réal sage mais inspiré, de quoi passer un moment pas trop désagréable si on aime le genre.